Toujours regarder devant soi (libre)

Oui Maman … Je sais … Quoi ? C'est super ! Tu seras là pour le bal de Printemps … ? Mais … J'ai besoin de toi pour choisir ma robe … Ouais … On verra … Ciao …

J'étais dégoutée … Le bal de printemps avançait à grands pas et j'avais besoin de ma mère. Voyez-vous, notre relation était étrange … Nous étions complices, mais on ne peut pas dire que nous étions réellement dans une relation mère-fille. Elle était un peu comme une excellente amie, avec qui on se dispute tout le temps … Mais je ne lui parlais pas vraiment de ma vie privée. Pourtant, elle essayait de me faire parler des garçons, mais je n'y arrivais pas … De toute façon, je n'avais pas grand chose à raconter. Je flirtais, certes, mais je n'étais jamais réellement tombée amoureuse … Du moins, je n'avais pas eu de relation amoureuse suivie.

Bref, ma mère avait été mannequin … Elle avait donc tous les secrets de la beauté … Et elle savait très bien choisir les robes pour les bals. Hélas, feu Madame Taylor, aujourd'hui avec un certain James, était partie au Canada, laissant sa fille à San Francisco. Non pas que je m'en plaignais ! Loin de là … Je ne me voyais vraiment pas dans ce pays froid où la mode est à la fourrure. Mais j'aurais voulu qu'elle rentre pour mon bal de printemps …
J'allais donc devoir trouver ma robe seule. Certes, c'était dans plus d'un mois, mais tout de même! Je ne pouvais pas me permettre de ressembler à toutes les autres greluches … Non, j'étais Absynthe Sunday Taylor, présidente du conseil des élèves et présidente des pom-pom girl. Je me devais donc d'être resplendissante. Je saisis donc mon sac, où je fourrais mon portable, puis je cherchais après ma carte bleue. Ma mère renflouait régulièrement mon compte, et l'héritage que mon père nous avait laissé était tellement colossal que nous vivions presque uniquement avec les intérêts. Je la trouvais alors dans ma veste que j'avais mis hier, et je la remis donc dans mon portefeuille. J'attrapais les clés de la voiture que j'avais hérité, une newbeattle de couleur rose, décapotable, et je me rendis en centre-ville. Je connaissais quelques boutiques sympas, un peu chère … mais ce n'était pas un problème pour moi.

Bien sûr, on pouvait me considérer comme une fille superficielle, n'ayant aucune notion de l'argent. Mais j'avais vécu dans tout ce luxe alors comment me le reprocher ? Mais ce n'était pas pour autant que plus la robe était chère, plus je l'aimais … j'avais d'ailleurs vu de nombreuses jeunes stylistes faire des robes pas très chères et pourtant, superbes. D'ailleurs, il faudrait que je me renseigne auprès d'elles pour avoir une robe unique …
J'arpentais donc les rues de San Francisco, cherchant à me garer. Par bonheur, je trouvais rapidement une place, juste à côté du centre-ville. Je n'aurais donc pas beaucoup à marcher, ce qui m'arrangeait. J'avais beau avoir mis des bottes confortables, ce n'était pas non plus des baskets. Je fermais donc ma voiture et me dirigeais rapidement vers les boutiques huppées du centre de San Francisco. Mon portable se mit alors à sonner, et je me plongeais dans mon sac afin de l'en sortir. Bien entendu, je ne regardais donc pas devant moi. Quelle idée … Ben oui, voyez-vous, le hasard est toujours … étrange … Je pouvais être habillé très mal, et ne jamais avoir de tuile, mais lorsque j'enfilais une robe légère, car le temps me le permettait, il fallait que je me retrouve les fesses par terre … Cela ne loupa pas … Je fonçais alors brutalement dans quelqu'un, et je me tombais alors les fesses les première sur le trottoir.

Vous ne pouvez pas faire attention, non ?

Je ne regardais pas la personne que j'avais percuté, bien trop occupé à ramasser ce qui était tombé de mon sac avec la chute. Mon pauvre portable gisait en trois morceaux sur le sol …

Bien que ma mère m'avait interdit de chasser les démons, je n'arrêtais pas de les traquer. Et à ce moment là, j'étais aux trousses d'un d'eux. Un démon qui tuait des innocents en faisant fondre leur chaire. Ça ne devait pas être un spectacle très amusant.

Je le cherchais depuis plus de 3 heures mais à chaque fois que je le localisais, il s'éclipsait. Mais là, je croyais qu'il s'était arrêté pour tuer une nouvelle sorcière et cela tombait bien puisque c'était tout près d'où je me trouvais. Je courais avec une formule, une carte, un pendule et une potion dans les mains. Parfois, ils glissaient ce qui me faisais perdre un temps fou ! Je faillis trébuché sur ma carte qui s'était dépliée peu de temps avant. Alors, je fis apparaître mon sac en bandoulière de ma chambre et mis tout mes objets dedans. Je continuais à courir sans m'arrêter lorsque j'entendis des cris de femme. C'était forcément mon démon. Je préparais déjà une boule d'énergie pour le neutralisé avant de lire la formule.

J'arrivais dans la rue et je le trouvais serrant le cou de l'innocente. Il prenait plaisir à la faire souffrir. Je lui lançais la boule d'énergie mais le résultat n'était pas celui que j'attendais. Il se retourna et lâcha sa victime pour s'occuper de moi. Je lui envoyais la potion mais il le déviait.

- Quoi ? Depuis quand t'as ce pouvoir.

Et il en avait un autre. Il pointa sa main dans ma direction et je ne sais comment, il m'approcha de force vers lui. Alors, je pris la formule et je la lis. Cela le fit reculer mais ne le tua pas. Je n'avais plus rien. Mais je me souvenais d'une formule que m'a mère m'avais appris.

- Que ce démon s'envole et qu'en ne laissant aucune trace, il décolle !

Le démon gesticula dans tout les sens avant d'exploser en une texture visqueuse verte. L'onde de choc me projeta jusqu'au fond de la ruelle sombre. J'atterris alors dans le centre de San Francisco et je percutai une jeune femme qui avait l'air assez pressée. J'étais tout recouvert de cette texture immonde. Et mon sac se déchira et laissa s'échapper une multitude de fiole de couleurs différentes mais qui contenaient toutes un liquide mortel pour les démons.

- Rooooh ! Super ! Un nouveau sac !

J'entendais la fille parler. Elle paraissait furieuse d'avoir perdu son portable et le reste du contenu de son sac. Je me relevais.

- Vous ne pouvez pas faire attention, non ?

- Pardon ? Je dois faire attention ? Et vous nan ?

Je ne l'avais pas encore reconnue car elle était cachée par ses cheveux châtains. Oui. De magnifiques cheveux châtains. Je la regardais plus attentivement. Elle était habillée luxueusement. Encore une fille de riche. Je tournais la tête quand je vis mais potions sur le trottoir. Je m'agenouillais pour les ramasser. Mais il en manquait une. Je la cherchais partout. Puis, j'eus une idée. Je me retournai et vis ma fiole dans la main de la jeune fille. Je me demandais comment elle allait réagir face à cet étrange objet de sorcellerie.

Non mais franchement, vous voyez la scène vous ? Miss Absynthe Taylor, sur les fesses, en plein milieu du centre-ville ? Une photo aurait été si vite fait … Alors il y avait de quoi être en rogne ! Mais je savais néanmoins que j'avais ma part de responsabilité, étant donné que je fouillais dans mon sac au lieu de regarder devant moi. Mais je n'allais certainement le reconnaître devant un inconnu. Je suis tout de même Absynthe Taylor voyons ! Inconnu avais-je dis … Si seulement …
Je ramassais rapidement tout ce que j'avais renversé, lorsque j'entendis la voix de l'homme qui m'avait et que j'avais bousculé. Mon sang ne fit qu'un tour et une boule vint se loger dans ma gorge: j'aurais reconnu cette voix parmi toutes celles de la planète: Mel … Mel Peters … Et il fallait forcément que ce soit sur lui que je tombe.
Vous vous demandez sûrement pourquoi une jeune femme comme moi me sent aussi mal à l'aise devant ce jeune homme … C'est simple … Cela remonte à un mois:

Flash-Back

Je me promenais dans les couloirs, en tenue de Pom-pom girl. Je venais de faire signe à Tobby, un splendide joueur de foot, musclé comme il faut, et qui avait pas mal de filles à ses pieds. Mais voyez-vous, ce jeune footballeur venait de claquer le clapet de toutes les midinettes en m'invitant au bal de printemps. J'étais ravie, bien sûr, mais je lui avais dis que j'y réfléchirais. Je ne pouvais pas sauter sur la première occasion.
Je me dirigeais alors vers mon casier, lorsque je vis Mel au sien. J'avais toujours eu un petit faible pour le jeune homme, mais ma mère m'avait interdit de le fréquenter. J'ignorais pourquoi … Alors j'avais tout fait pour qu'il ignore que j'étais attirée.

Alors crétin, on sait même plus fermer un casier … ?

Cela me faisait mal de l'insulter, mais c'était le meilleur moyen … Je continuais mes pas jusqu'à mon casier. Le couloir était désert. Je sentis alors une main m'agripper et me plaquer contre le casier.

Bon Absynthe … Tu vas me dire maintenant pourquoi t'es comme ça.
C'est de ma faute si t'es aussi idiot, ou quoi ? Dégage tes pattes de moi!
Attends … Y'a un mois, on s'entendait bien et là … Pouf … Tu m'insultes ? Qu'est-ce qui a changé ? Je ne t'ai rien fait pourtant …

Ma gorge se serrait de plus en plus, et je sentais son parfum … Je ne pouvais pas non … Je plongeais mon regard dans le sien, m'apprêtant de nouveau à l'insulter.

Laisse-moi … S'il te plait …
Pas avant d'avoir eu des explications …
Tu es sûr ?
Certain …

Je ne pouvais plus tenir. Doucement, mes lèvres se posèrent alors sur les siennes, lui offrant un baiser certes bref, mais tendre. Il relacha alors la pression, étonné, et je m'enfuis.

Fin du Flash-Back

Jusqu'aujourd'hui, j'avais tout fait pour l'éviter … Mais là … Il allait finir par se rendre compte que c'était moi … Alors que pouvais-je faire ? Continuer comme avant ce baiser ? Oui … nier tout en bloc … Nier le fait que ce baiser fut le premier pour moi … Et que depuis ce baiser, j'embrassais pas mal de garçon pour oublier.
Pour l'instant, je devais me faire petite … Peut-être finalement pourrais-je m'enfuir sans demander mon reste … Je n'avais qu'à juste finir de ramasser ce qui était tombé … Tiens d'ailleurs …

Qu'est-ce que c'est ?

Une étrange fiole avait rejoint mes affaires. Elle était d'une étrange couleur … J'ignorais tout du monde de la magie, alors autant dire que j'étais à mille lieux de m'imaginer que ce liquide pouvait détruire des démons.
Je plongeais alors mon regard dans celui de Mel, ne pouvant plus reculer.

Il me semble que c'est à toi … C'est quoi exactement ce truc ?

Elle leva la tête et je la vis. Celle qui m'évitais depuis un mois déjà. Je me rappelais ses lèvres sur les miennes et je frissonnais. C'était, à moi aussi, mon premier baiser. J'avais presque oublier la fiole. Elle me la tendit.

- Il me semble que c'est à toi … C'est quoi exactement ce truc ?

Je le pris rapidement et l'enfouit dans mon sac déchiré. Je ne savais pas quoi lui dire et j'essayais de trouver une formule pour lui enlever ce moment de sa mémoire. Mais, là, je séchais. Je ne savais pas quoi inventer.

- Oh ! Ça, c'est un colorant pour ma nouvelle recette de gâteau ! Eh oui je cuisine !

Je me levais. J'étais partager. Devais-je partir en évitant les questions ou devais-je rester là et lui demander pourquoi elle m'avait éviter pendant tout ce temps ? Je ne savais plus quoi faire. Je commençais à trembler à force de réfléchir.

- MAIS C'EST PAS POSSIBLE !!!

Je devais avoir l'air d'un fou comme ça. Je criais dans la rue sans aucune raison. J'essayais de me calmer et de repenser à la situation. Je caressais mes cheveux par nervosité. C'était un de mes tics. Puis je regardais Absynthe. Je n'étais pas sur de mes sentiments envers elle. Quand elle m'avait embrasser, j'ai senti une émotion que je n'avais jamais ressenti auparavant. Je ne savais pas trop ce que c'était mais je ne pouvait pas tout effacer. Je ne pouvais pas oublier. Elle allait essayer de s'enfuir encore une fois donc je l'avais prit par le bras et lui parlais d'une voix douce mais sec.

- Pourquoi ? Pourquoi tu m'as embrassé après m'avoir insulter de crétin ? Hein ? Et puis, t'es pas contente avec ton footballeur ?

Je la regardais froidement laissant presque passer un sentiment de haine. Mais ne dit-on pas que la frontière entre la haine et l'amour est subtile ? Ne dit-on pas que la haine n'existe sans l'amour ? Je la voyais frémir. Je la lâchais.

- Bon. Alors ? Tu veux quoi de moi au juste ?

Le silence s'installa. Je la laissais me répondre. Un réponse qui, je sentais, allait me surprendre et me blesser. Mais cette fois, je n'allais pas la laisser partir sans aucune explication. Je comptais bien savoir ce qu'elle ressentais une bonne fois pour toutes. Des passants nous regardaient et parlaient.

- QUOI ? Vous avez jamais vu ?

Je me retournais vers Absynthe.

Un colorant pour la cuisine … Soit … De toute façon, j'étais une quiche en cuisine, alors je ne risquais pas de me rendre compte du gros mensonge qu'il venait d'inventer. Oh que non … J'avais déjà oublié la fiole … C'était inexplicable le sentiment que je ressentais quand je voyais Mel … C'était comme si plus rien d'autre n'existait, comme si la terre s'était arrêtée de tourner et que le temps s'était figé. En étais-je amoureuse ? Que savais-je de l'amour ? Rien … Ma mère m'avait toujours dit: « un bon mari est quelqu'un qui vient d'une bonne famille … ». Elle m'avait toujours dit de me méfier des garçons issus de famille modeste, qui chercheraient surtout à courir après mon héritage. Autrement dit, je ne devais pas cottoyer Mel.
Mais était-ce si facile de ne pas écouter son coeur ? Non … Alors pour ne pas succomber, je m'étais mise à haïr ce qu'il provoquait chez moi, et à le haïr tout court. Pourtant, c'était toujours ce garçon qui hantait mes rêves … Ses douces lèvres sur les miennes avaient laissé leur empreinte et je ne parvenais pas à oublier ce qui fut mon premier baiser.
Alors tomber sur lui, dans cette rue bondée, cela me rendait mal à l'aise. Après lui avoir rendu son colorant pour cuisine, je crus qu'il allait partir sans rien dire. Je me sentais soulagée car je n'avais pas envie de lui expliquer mon baiser. De toute façon, un baiser a-t-il plusieurs significations ? Du moins, quand il est donné spontanément … Mes baisers à Tobby ou à d'autres garçons n'avaient rien de similaire avec celui échangé avec Mel, loin de là … D'ailleurs, ils me le reprochaient bien assez fort … Je commençais à avoir une réputation de jeune fille prude mais allumeuse …
Je m'apprêtais à me relever et à partir moi aussi de mon côté, quand je l'entendis crier. Qu'est-ce qui n'était pas possible ? Et pourquoi me prenait-il le bras ? Non … Je devais partir … Loin de lui … Loin de tout cela …

Pourquoi ? Pourquoi tu m'as embrassé après m'avoir insulter de crétin ? Hein ? Et puis, t'es pas contente avec ton footballeur ?
Je …

Que devais-je dire ? Non … Je devais me ressaisir … Il ne s'était rien passé, c'était un rêve … Je n'avais jamais posé mes lèvres sur celles si parfaite de Mel …

* Bon sang Absynthe! Reprends-toi! *

Je respirais un bon coup, essayant de trouver une parade. L'insulter était-il à nouveau la solution ? Me servir de l'ironie ?

Bon. Alors ? Tu veux quoi de moi au juste ?

Je ne pouvais plus reculer. Ma gorge avait beau se serrer, le voir me parler comme ça me rendait furieuse. Bon sang, mais il ne comprenait pas qu'il me mettait en rogne ? Pourquoi je ressentais autant de sentiments inconnus pour lui ? Pourquoi mes mains devenaient-elles si moites et mon coeur battait-il plus fort ? Je ne trouvais pas mes mots … Des passants nous regardaient et Mel s'énervait. Je pris alors une profonde respiration, et choisis l'ironie.

Mon footballeur … ? Lequel ? Non parce que tu vois, j'en ai des tas … Je pense que tu parles de Tobby … Nous ne sommes pas ensembles, et je pense que tu le sais très bien. Et je ne vois vraiment pas de quel baiser tu parles, tu as du le rêver mon pauvre … Décidément, tu as vraiment un problème ?

En disant cela, je n'avais pas pu le regarder dans les yeux. Je lui mentais délibérément, et je me sentais prise au piège. Je devais partir … Le fuir … Je regardais fixement derrière lui, une ruelle dans laquelle j'aurais voulu m'enfoncer pour me sauver. Mes yeux se firent alors lourd, et, je ne sais de quelle façon, je me retrouvais alors dans cette ruelle. Etonnée, je regardais vers l'endroit où j'étais deux secondes auparavant et ce que je vis me figea: j'étais toujours près de Mel, sauf que je venais de tomber sur le sol, inconsciente. Paniquée, je m'avançais en courant vers moi-même …

C'est quoi cette mascarade ?

J'étais presque au niveau de Mel lorsque je me sentis à nouveau défaillir, et me retrouva devant Mel. J'étais de retour dans mon corps. Heureusement, les passants n'avaient rien vu puisqu'il s'était éloigné lorsque Mel s'était énervé deux minutes plus tôt. J'ouvrais difficilement les yeux, me demandant ce qui s'était passé.

- Mon footballeur … ? Lequel ? Non parce que tu vois, j'en ai des tas … Je pense que tu parles de Tobby … Nous ne sommes pas ensembles, et je pense que tu le sais très bien. Et je ne vois vraiment pas de quel baiser tu parles, tu as du le rêver mon pauvre … Décidément, tu as vraiment un problème ?

Quoi ? Encore un mensonge ? Je me demandais ce qu'elle avait contre moi pour me faire passer pour un fou. D'accord j'ai pas besoin d'elle pour me faire prendre pour un fou mais comme même ! J'allais lui répondre quand elle s'effondra sur le sol. Je la rattrapais de justesse et essayais de la réveiller. Je ne savais pas pourquoi, mais je m'inquiétais de son état. Pourquoi s'était-elle si brusquement évanouie ? Je la secouais. Personne n'avait remarqué qu'elle était tombée dans mes bras.

- Réveille toi ! Absynthe !

Elle ouvra doucement les yeux. Et je fut soulagé de la voir se réveiller. Mais tout cela était bizarre. Elle s'évanouit et revient à elle. Bien sur j'étais nouveau dans le monde de la magie mais je m'y connaissais un peu. Et je savais que ça, c'était un pouvoir. Et celui d'ubiquité si je ne me trompais pas. Alors je la transportai dans mes bras jusqu'à la ruelle sombre où j'avais vaincu le démon avant ma rencontre avec Absynthe. Je la déposais délicatement sur le sol.

- Pourquoi tu m'as pas dit que t'étais une sorcière ?

Je voyais à ses yeux qu'elle ne savait pas de quoi je parlais et qu'elle pensais surement que je divaguais. Peut être avais-je fait une bêtise en lui disant ces mots. Elle recula un peu. Je lui ajustais ses cheveux qui venaient lui cacher la vue.

- Alors ?

Je sentais qu'elle avait peur et qu'elle ne comprenait pas ce qui se passait. Que devais-je faire maintenant ? Continuer ou lui dire que j'étais tombé sur la tête ?

- Très bien. Vu que tu ne sais pas ce qui se passe je vais essayer ça.

J'approchais ma tête de la sienne jusqu'à se que nos lèvres se touchent. En faisant ça, elle oubliait ce qui venait de se passer juste avant. Je reculai après quelques secondes. J'avais ressenti un sentiment de bonheur et je me mis à rire laissant montrer toutes mes dents. Elle avait l'air surpris alors que moi j'étais prit d'un fou-rire.

- Tu vois... Ah ah... je suis pas sérieux là.... Ahah !

Elle me regardait apparemment. J'arrêtais de rire.

- D'accord... Ça n'a pas marché... On recommence tout à zéro hein ?

Je l'aidais à se relever et lui dit que je devais partir lorsque je sentis sa main me tirant la manche. Je me retournais et lui demandais ce qu'elle voulait.

J'étais épuisée … Ne me demandez pas pourquoi mais j'étais exténuée. C'est comme si mon corps s'était vidé de toute son énergie. De plus, ce à quoi je venais d'assister, et ce que je venais de vivre, m'avais laissé sans voix. Je ne comprenais pas ce qui se passait. D'une seconde à l'autre, c'était comme si j'avais quitté mon corps pour finalement y retourner. Avais-je failli mourir ? Parce que dans ce cas-là, ça expliquerait tout … Mon âme avait quitté mon corps quelques secondes, et finalement, j'avais été ramené à la vie … Mais non … Tout cela avait l'air d'une vaste plaisanterie.
Toujours est-il que j'ouvrais difficilement les yeux et que je me retrouvais dans les bras de Mel, emmenée dans une ruelle. J'avais beaucoup de mal à réaliser ce qu'il se passait exactement, et lorsqu'il me déposa par terre dans la ruelle, je compris enfin que tout était bien réel.

Pourquoi tu m'as pas dit que t'étais une sorcière ?

Une quoi ? C'était une blague ça, non ? Le pire, c'était qu'il avait l'air d'être sincère … Je me redressais doucement sur mes fesses et fit quelques centimètres en arrière, surprise de ses paroles. Etait-ce une insulte ? Ou parlait-il du mot sorcière dans le sens magique du terme ? Non … La magie n'existait pas … Ces voix dans ma tête n'existaient pas non plus … J'étais folle … C'est tout. Je pensais que les gens me parlaient alors qu'ils ne remuaient pas les lèvres, je croyais entendre leurs pensées.
Mel s'était alors approché de moi, et avait remis mes cheveux en place, afin que je puisse mieux le voir. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne pus empêcher mes doigts de frôler les siens, et de lui sourire tendrement.

Alors ?

Parce qu'en plus, il attendait une réponse ? Que pouvais-je lui dire: « Non, je suis pas une sorcière, je suis juste folle ». Mais ce qu'il s'était passé dans la ruelle était la réalité … J'étais sortie de mon corps, j'en étais persuadée. Mais comment le dire ? Et Mel avait-il vu la même chose qu'elle ? Il avait l'air inquiet, mais pas étonné plus que cela. Avait-il l'habitude de tout ce qui était surnaturel ?
Ce qui se passa alors fut plus que surnaturel, du moins à mes yeux.

Très bien. Vu que tu ne sais pas ce qui se passe je vais essayer ça.

Il allait essayer quoi ? Non … Mais … Pourquoi s'approche-t-il si près de moi … ? Non … Je dois me reculer. Je ne peux pas … Je ne dois pas … Les quelques secondes où ses lèvres se retrouvèrent sur les miennes, comme il y a un mois, furent magiques. Je fermais mes yeux pour mieux profiter du moment et toutes mes inquiétudes s'envolèrent. J'étais sur un petit nuage … Un sentiment de plénitude s'était posé sur moi, jusqu'à ce qu'il s'éloigne de nouveau et … qu'il éclate de rire ?
Qu'est-ce qui était aussi marrant ?

Tu vois... Ah ah... je suis pas sérieux là.... Ahah !

Ce baiser n'était donc qu'une vaste blague ? Peut-être pour me faire oublier ce qui m'avait dit avant … Si je n'avais pas un caractère aussi fort, j'aurais peut-être fondu en larmes à ce moment-là … Mais je me suis contentée de le regarder, complètement désemparée. Je ne savais que dire … Pourquoi riait-il ainsi ? Il s'arrêta alors, comprenant peut-être que j'ignorais tout de son fou-rire.

D'accord... Ça n'a pas marché... On recommence tout à zéro hein ?

Recommencer quoi ? C'était bien la première fois de ma vie que je ne trouvais pas de noms d'oiseau à lui balancer à la tête. Je me contentais d'acquiescer, et il me dit qu'il devait partir. Déjà ? Non … J'avais besoin d'être près de lui, pour comprendre ce qu'il m'arrivait … Mais je ne pouvais pas lui avouer … J'étais partagée entre mon coeur et ma raison, et il commençait à partir. Je le rattrapais alors, lui attrapant la manche, juste avant qu'il ne sorte de la ruelle. Il me demanda alors ce que je lui voulais. Mon regard océan se plongea dans le sien, et je lui pris doucement sa main.

Je suis désolée … J'ai été injuste avec toi …

Je n'avais pas l'habitude de m'excuser … C'était si difficile … Mon regard se mit à le fuir et j'ajoutais.

J'ai menti tout à l'heure … On s'est bien embrassé … Je t'ai embrassé … Pourquoi ? Je ne sais pas … Ne me demande pas d'explications, je suis incapable de te les donner … Peut-être …

Sur ces mots, je replongeais à nouveau mon regard dans celui de Mel.

Peut-être pour la même raison qui a fait que tu viens de m'embrasser … A toi d'en déduire ce que tu veux … Mais sache que Tobby et moi ne sommes pas ensembles, et que je n'ai jamais embrassé un garçon comme je t'ai embrassé.

J'étais assez embarrassée par ce que je venais de lui dire, mais aussi assez étonnée de moi-même. Je lachais alors sa main, et je continuais dans ma lancée.

Tu sais … On me prend pour une petite garce … Mais je ne suis pas que ça Mel … Je sais que je t'ai insulté de crétin, et … Je ne le pensais pas vraiment …

Je regardais le mur de la ruelle, et je terminais, ma voix se cassant sur ces paroles:

Mais on ne vit pas dans le même monde … Ma mère m'a éduqué comme ça … Je n'ai pas le droit au faux pas. Et maintenant, je deviens folle … je crois entendre des voix et je m'évanouis en ayant l'impression de sortir de mon corps …

J'étais dos à Mel, et j'avais l'impression que pour la première fois de ma vie, c'était mon coeur qui parlait et non ma tête.

Maintenant que je t'ai dis ce que j'avais à te dire, tu peux partir

Elle s'excusa longuement. Puis, elle se retourna et voulut s'en aller. J'allais la rattraper quand j'entendis un bruit de vent. Je tournais la tête quand je vis le démon que j'avais vaincu peu de temps avant. Je me rappelais que ma mère m'avait dit que la formule que j'avais utiliser ne faisait juste qu'éloigner le démon et non le tuer. La démon fit apparaître une boule d'énergie dans ses mains et la lança en direction d'Absynthe. Je la poussais pour la protéger et je me pris la boule d'énergie sur l'épaule à sa place. Je me fit projeté dans dans les air en faisant des tours sur moi même avant d'atterrir dans des cartons rongés par les rats dans un coin de la ruelle. Je saignais un peu et essayais de me relever mais j'étais bloqué.

- Absynthe fait attention !

Le démon allait revenir à la charge alors je fis un geste de la main et des ombres se créèrent devant lui, lui empêchant d'avancer ou d'agir. Il essaya tout de même d'envoyer des boules d'énergie à travers ce mur opaque. Il avait l'air furieux. Plus il frappait contre le mur, plus j'avais du mal à le retenir. J'allais presque lâcher.

- Prends les fioles qui sont dans mon sac dépêche toi ! Je vais pas tenir longtemps !

Ma jambe était coincée dans un tuyau et je n'arrivais pas à m'en sortir. J'essayais toujours de me libérer et après quelques secondes, je me levais toujours en soutenant mon bras en direction du démon. Je vis Absynthe prendre toutes les potions et les jeter en même temps. Le démon explosa directement et laissa quelques bouts de sa chaire sur les murs. Ce n'était pas très beau mais cela formait un étrange symbole que j'avais vu quelque part. Une coïncidence surement. Je saignais toujours et Absynthe avait l'air de ne rien comprendre.

- Tu peux prendre la potion qui est dans la pochette sur le côté s'il te plait ? Elle soigne les blessure.

Je tenait mon épaule fermement. Je me rendis compte quand je voulus marcher que je m'étais tordu la cheville. Je chancelais. Mais j'étais heureux. Heureux que Absynthe n'aie rien.

Je venais enfin de parler avec mon coeur … Et croyez-moi, c'était loin d'être évident pour moi. Heureusement que ma mère n'était pas là car elle aurait fait une crise cardiaque … Et il y avait de quoi. Je n'avais pas avoué à Mel que je l'aimais … J'en étais incapable … Mais mes paroles avaient été douces, et il ne faisait nul doute qu'elles avaient été prononcé avec tendresse.
Je pensais sincèrement qu'il allait partir … Qu'il devait réfléchir car je changeais sans cesse de comportement avec lui. J'étais à mille lieux d'imaginer que j'allais assister à un événement étrange qui allait changer le reste de ma vie, et qui allait clairement me montrer le monde de la magie.
J'étais face au mur, n'osant plus regarder le jeune homme avec tout ce que je venais de lui dire. J'entendis alors un bruit, et je me sentis pousser vers le sol. Il y eu comme un bruit étrange et Mel se retrouva par terre, l'épaule en sang. Je me redressais difficilement, me tournant vers l'endroit que regardait Mel de façon inquiète. Une étrange créature se trouvait là, et je me figeais immédiatement, paralysée par la peur.

Absynthe fait attention !

Faire attention ? Que pouvait me faire cette chose ? Me tuer ? Me blesser comme il venait de blesser Mel ? Toujours était-il que je ne bougeais toujours pas, fixant le monstre sans pouvoir faire un pas.

Prends les fioles qui sont dans mon sac dépêche toi ! Je vais pas tenir longtemps !

Les fioles … Les colorants pour cuisine ? Je ne cherchais pas à comprendre et j'attrapais le sac de Mel.

Mais … tu veux que je fasse quoi avec tes colorants de cuisine ?

J'en avais plusieurs dans les mains, et quand je vis que Mel faiblissait de plus en plus, je les lançais toutes sur le fameux démon. Quelque chose de dégoutant et de déroutant se passa alors, puisque ce dernier se mit à se tordre dans tous les sens, pour finalement exploser. Des morceaux de chair volèrent partout, et je dus retenir un haut de coeur pour ne pas rejeter mon déjeuner du midi. Je continuais pourtant de regarder l'endroit où il avait disparu, par peur sûrement de le voir rejaillir … Je dus avouer que je ne pensais plus vraiment à Mel, mais pouvait-on m'en vouloir ? Je venais de tuer mon premier démon …

Tu peux prendre la potion qui est dans la pochette sur le côté s'il te plait ? Elle soigne les blessure.

Ah mais oui ! Le garçon pour qui mon coeur battait était actuellement par terre avec l'épaule en sang … Il fallait peut-être que je fasse quelque chose non ? Une potion ? Ce n'était donc pas du colorant pour cuisine … Mais une potion … ? Comme dans Harry Potter ? Je repensais alors à sa question de tout à l'heure « pourquoi ne m'as-tu pas dit que tu étais une sorcière ? ». Parlait-il de ce genre de sorcier, avec des pouvoirs ?
Enfin bref, je poserais mes questions plus tard. Pour l'instant, Mel venait de me sauver la vie et il était mal en point. Il était normal que je l'aide. C'est pourquoi j'ouvris la pochette dont il m'avait parlé, et j'en sortais une fiole de couleur étrange, presque dorée. Devais-je lui jeter dessus … ? Non … Presque naturellement, je me mis derrière Mel, pris sa tête et la posa sur mes genoux. Je débouchais la fiole et lui versais dans la bouche. Ma deuxième main vint alors lui caresser la joue, d'une façon très tendre.

Merci …

Comme si tous les événement de la journée ne suffisaient pas, je fus pris alors d'un étrange sursaut. Je partis dans un état second, fermant les yeux et ce que je vis me laissa sur place. C'était comme un rêve, sauf que là, je pouvais sentir tout ce qu'il se passait … Tout était assez trouble et confus, mais la scène semblait se passer sur une plage. Je voyais distinctement deux personnes en train de s'adonner à des choses pas très catholiques … Ils étaient tous les deux entièrement nus, et ils s'embrassaient à pleine bouche.

Je t'aime Absynthe …

Mais … C'était Mel et moi ? Je revins alors à moi, totalement paniquée. J'étais quand même pas en train de fantasmer debout ? Je descendis alors mon regard, et je vis que Mel semblait aller mieux.

Je … Je dois y aller Mel … Tu … Ca va aller ?

Ma voix trahissait un émoi certain. Mon coeur et mon corps étaient en train de trembler littéralement en se souvenant de la scène que j'avais vu. Je me reculais doucement, laissant Mel se redresser, et j'attrapais mon sac que j'avais laissé dans la ruelle.

Absynthe prit la potion et vint me la versa dans la bouche. Mes plaies se refermèrent presque directement après que je l'avais avalé. Puis, lorsqu'elle me caressa la joue, elle eut comme un sursaut et ferma les yeux pendant quelques secondes. Si cela n'était pas une prémonition, je ne m'appelais pas Mel Joshua Peters. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle était comme paniquée.

- Je … Je dois y aller Mel … Tu … Ça va aller ?

Elle se recula avant d'attraper son sac et de se diriger rapidement en dehors de la ruelle.

- Attends !

Elle s'arrêta net et n'osa même pas se retourner sans doute en ayant peur de soutenir mon regard. Je m'approchai. Je l'attrapais par la main et l'obligea à se retourner.

- J'ai encore des choses à te dire.

- A propos de quoi ?

- De la magie.

Je lâchais sa main et je me penchais pour reprendre mon sac. Je ne savais pas trop quoi lui dire même si des mots se chamboulaient dans ma tête. Devais-je lui expliquer tout le monde magique comme ma mère me l'avait fait quand j'ai découvert mes pouvoirs ? Devais-je lui dire qu'elle est sa destiné ? De toute façon, soit elle combat les démons soit elle se fait tuer. Mais si je disais ça, elle ne voudrait plus jamais me voir.

- Tu dois te servir de la magie pour sauver les innocents des griffes du démons. La magie ne sert pas à des fins personnelles.

J'avais dit ces deux phrases sur un ton sec et ferme. Peut être que je ne devais pas lui dire toutes ces choses là. Mais elle devait savoir ce qui l'attendait. Pour mieux se protéger à l'avenir.

- Si j'en crois ce que m'a dit ma mère, tu as le pourvoir d'ubiquité et de prémonition.

Je continuais mon discours sans me soucier de sa réaction. Je ne la regardais même pas. Je ne faisais pas attention à elle, j'étais concentré sur ce que j'allais dire. Peut être allais-je être trop sévère mais je devais lui dire les risques de la magie.

- Surtout n'utilise jamais. Je dis bien JAMAIS la magie à des fins personnelles. Cela pourrait avoir des répercutions sur toi qui peuvent être dangereuse.

Je pensais bien qu'elle en avait marre et qu'elle ne comprenait pas pourquoi je lui disais tout cela mais je ne voulais rien lui cacher. Je voulais la préparer pour ce qui adviendra. Toute ma vie je croyais être normal. Sans pouvoirs. Et quand je les ai découvert, J'ai voulu rattraper le temps perdu.

- La magie n'est pas un jeu ! Si tu l'utilises à mauvais escient, tu pourrais en être privé.

Mais c'était quoi tout ce charabia ? N'était-ce donc que cela ? Il ne m'adressait la parole et ne m'avait rattrapé que pour me parler de … magie ? J'étais déçue, je devais l'avouer … J'espérais au fond de moi qu'il me dirait qu'il avait eu peur de me perdre, qu'il ne voulait pas que je rentre seule ou encore qu'il voulait qu'on se revoie … Certes, je venais d'entendre des choses que j'ignorais … Le fait que j'ai des pouvoirs et que les démons m'en veulent … Il m'avait aussi confirmé mes doutes … Mais je n'avais pas envie d'entendre tout cela. Tout ce qu'il racontait me faisait mal, et je sentais doucement les larmes me monter aux yeux.
C'était des larmes de rage. Je ne voulais pas être un monstre … J'étais une future égérie de la mode. J'étais sur les traces de ma mère et on me disait que j'étais en fait une sorcière qui était censée sauver des innocents ? Non mais c'était quoi cette stupide blague ? Jamais … Jamais vous ne m'entendez, je ne me salirais les mains ni les vêtements pour quelqu'un que je ne connais pas.
J'avais donc laissé parler le jeune homme, sans l'interrompre, serrant mes poings de rage, tellement fort que mes ongles rentrait dans ma paume.
Lorsqu'il eut enfin fini son sermon, ajoutant que jamais je ne devrais me servir de ces pouvoirs pour des fins personnels, je lâchais alors ma colère, le regardant fixement comme jamais:

Je ne suis pas un monstre ! Tu m'entends ! Jamais je ne m'adonnerais à la sorcellerie ! Je n'en veux pas de ces pouvoirs !

Ma mère allait me haïr si elle apprenait cela … Notre relation était déjà si compliquée … Qu'allais-je lui dire si je rentrais tous les jours avec mes habits tâchés. Bien sûr, le fait qu'elle soit à Montreal était pratique, mais elle finirait bien par rentrer.
Je me trouvais donc face à Mel, dans un état presque de folie.

Je suis sûre que tu peux m'enlever ça … Avec tes … tes potions là …

Je saisis alors son sac, cherchant des fioles à avaler qui pourrait me débarrasser de tout ça, mais je ne trouvais rien. Je renversais tout le contenu par terre, cherchant dans toutes les pochettes, en vain …
Les larmes continuaient de rouler sur ma joue. Je paniquais de plus en plus … Je ne voulais pas être un monstre, c'était si compliqué à comprendre ? Qui voudrait de moi ? Voyant qu'il n'avait rien dans son sac, je plongeais ma tête entre mes mains, et m'assis le long du mur, me balançant rapidement d'avant en arrière.

C'est un cauchemar … C'est un cauchemar …

Je sentis alors qu'il s'approchait de moi.

Non !!!! Ne me touche pas !!! Je ne veux pas … Je vais encore voir des trucs … des trucs impossibles …

J'étais terrifiée à l'idée de revivre encore ce moment parfait, qui n'arrivera jamais … Et puis cette voix dans ma tête … De la pitié … Il avait pitié de moi … Je savais ce qu'il pensait … Cela devait être un pouvoir aussi.

Arrête!!!!!!!!!!!!! Pas de pitié tu m'entends! Laisse-moi! Pars …

Elle se mit à me crier dessus. Je la regardais méchamment. Je la vis fouillant dans mon sac cherchant une potion qui lui permettrai de lui ôter ses pouvoirs. Puis, elle s'adossa au mur et se balança d'avant en arrière.

Arrête!!!!!!!!!!!!! Pas de pitié tu m'entends! Laisse-moi! Pars …

- CE N'EST PAS DE LA PITIÉ MAIS DE LA COLÈRE ! TU NE PEUX FUIR T'A DESTINE ! TES POUVOIRS FONT PARTI DE TOI ! SI TU T'EN DÉBARRASSES TU...

Je la voyais qui commençais à sangloter et à ne pas supporter que je lui crie dessus.

- L'empathie...

Je m'approchais d'elle mais elle me repoussa. Elle devait accepter son pouvoir pour contrôler les émotions humaines qu'elle percevait. C'était un pouvoir très dur à maitriser et elle qui ne voulait pas de magie dans sa vie avait reçu ce don. Un don qui pourrait la détruire.

- D'accord, d'accord !

J'étais affolé sans savoir pourquoi. Je devais absolument la sauver. Peut être était-ce pour ça que je l'avais rencontré après avoir vaincu le démon. Pour l'aider à recevoir ces émotions qui la tourmente.

- Bon. Tout d'abord tu dois accepter les émotions humaines. Prends ma main !

Je la lui tendis et elle recula. Elle commençait à trembler. Je m'approchais encore plus. Je savais qu'elle voulait que je m'éloigne mais elle devais la prendre.

- Tu dois accepter ton don d'empathie.

Je me souvenais de ce que ma mère m'avait dit. Seul un sentiment fort pourrait la sauver. Un sentiment fort... Je cherchais. Mais tout ce que je trouvais était ce que je ressentais. De la rage, de la pitié. Mais ce qui comptais ce n'était pas ce que je ressentais mais plutôt ce que Absynthe ressentait. Je devais me mettre à sa place. Je reculais pour ne pas la faire souffrir. Puis une question me passa par la tête.

- Quel est ton sentiment le plus fort ?

Elle me regarda tristement. Je compris. Son sentiment était l'amour. Un amour qu'elle avait rejeté pour plaire à sa mère. Un amour qu'elle ne voulais surement pas. Un amour qui la faisait souffrir. Alors, je m'approchais d'elle. Je l'enlaça. Mais ce n'était pas assez. Je l'embrassais. Bien sur je ne ressentais pas encore d'amour pour elle mais pour la sauver, je devais faire cet acte.

J'étais hors de moi … Assise par terre, je devenais folle … C'était comme si le monde s'écroulait autour de moi. Les larmes roulaient sur mes joues sans s'arrêter, et mon corps tremblait sans que j'en ai la maîtrise. J'entendais tout ce que Mel pensait, et ça me faisait mal … Il n'avait aucun sentiment pour moi au fond … Actuellement, il ne pensait qu'à ma fichue destinée et à ce que je devais forcément faire. Il se fichait de ce que je ressentais, au plus profond de moi. D'ailleurs, il ne devait même pas savoir qu'au fond, j'étais torturée par mes sentiments pour lui et mon rang sorcial.
Bien sûr, Monsieur pensait tout mieux savoir que tout le monde. Je lui demandais de partir, et lui s'avança, sûr de lui. Je ne savais pas ce qu'il allait faire réellement, mais j'entendais le dilemme dans sa tête. L'empathie ? Je n'étais pas idiote et je savais ce qu'était l'empathie. Je ne ressentais pas les sentiments des gens, mais leurs pensées! Et lorsqu'il s'avança et m'embrassa, je le repoussais violemment, entendant qu'il ne m'aimait pas mais qu'il devait le faire.

Tu te prends pour qui Mel Joshua Peters ? L'empathie ? Tu crois que je suis empathe, moi ? Si c'est ce que je pense, je ne ressens pas les émotions des gens ! J'entends ce que tu penses … C'est déjà pas mal non ? Et que tu oses m'embrasser par devoir !

C'était trop … J'étais profondément blessée. Je comprenais à présent que les sentiments que j'avais pour le garçon étaient bien trop forts, et surtout, qu'ils n'étaient pas réciproque. C'est ce qu'il y a de bien dans la télépathie … On ne peut pas se tromper … Pourtant, je n'aurais jamais voulu entendre ça. J'avais tous les garçons qui me couraient après, et lui m'embrassait juste pour que j'accepte un don que je n'avais pas !
Je me relevais brutalement, me trouvant devant lui. Instinctivement et furieusement, ma main le gifla violemment, laissant retentir un clac impressionnant. J'avais mal … Je me sentais trahi … Jusqu'ici, nous avions échangé trois baisers: le premier avait été sincère de ma part, le deuxième avait juste été une façon de me changer les idées pour lui et le dernier … une simple blague.

Et si tu as cru que j'avais de quelconques sentiments à ton égard, tu t'es trompée … Je n'aimerais jamais un monstre ! Et quand à mes pouvoirs et ma fichue destinée, j'en fais ce que je veux … Et si je veux m'en servir à des fins personnels, ce n'est pas un idiot notoire qui croit tout savoir sur moi qui va m'en empêcher …

Je voulais partir loin … Très loin … Ma rage retombait petit à petit, étant passé dans cette baffe monumentale. Je me retournais alors vers lui, les yeux brillants encore de mes larmes.

Tu disais que j'avais un pouvoir de prémonitions mais tu t'es trompée … tout comme tu viens de te tromper pour l'empathie. Car ce que j'ai vu, c'est ce qu'il ne pourra jamais se passer … Toi et moi … heureux … Peut-être dans le fond était-ce pour me prévenir …

Ma voix se cassa sur ces derniers mots, et je ramassais alors tout ce que j'avais fait tombé de son sac.

Je préfère qu'on ne se voit plus … Ca t'évitera de m'embrasser par compassion …[b]

- Tu te prends pour qui Mel Joshua Peters ? L'empathie ? Tu crois que je suis empathe, moi ? Si c'est ce que je pense, je ne ressens pas les émotions des gens ! J'entends ce que tu penses … C'est déjà pas mal non ? Et que tu oses m'embrasser par devoir !

Ces mots me blessèrent. M'étais-je tromper ? Oui surement. La télépathie. Je reculais. Je ne savais plus quoi faire ni ou me mettre. Je sentais que j'allais entendre des choses qui allaient me mettre mal à l'aise. Ça, j'en étais sur. Sa gifle m'enleva de mes pensées. Ma tête se tourna toute seule. Elle m'avait frapper si violemment que je restais paralysé sur place.

- Et si tu as cru que j'avais de quelconques sentiments à ton égard, tu t'es trompée … Je n'aimerais jamais un monstre ! Et quand à mes pouvoirs et ma fichue destinée, j'en fais ce que je veux … Et si je veux m'en servir à des fins personnels, ce n'est pas un idiot notoire qui croit tout savoir sur moi qui va m'en empêcher …

Et voilà que les insultes recommençaient. Sa destinée, elle n'allait tout de même pas partir comme ça sans savoir maitriser ses pouvoirs. Je savais que je lui avais fait du mal. Je la voyais, les larmes aux yeux.

- Tu disais que j'avais un pouvoir de prémonitions mais tu t'es trompée … tout comme tu viens de te tromper pour l'empathie. Car ce que j'ai vu, c'est ce qu'il ne pourra jamais se passer … Toi et moi … heureux … Peut-être dans le fond était-ce pour me prévenir …

Je ne pouvais rien dire. Moi aussi, j'allais commencer pleurer comme un enfant à qui on avait enlever sa sucette. Les larmes venaient caresser mes joues. Elle ramassa les choses de mon sac. Je pleurais. Oui, je pleurais.

- Je préfère qu'on ne se voit plus … Ca t'évitera de m'embrasser par compassion …

- Mais... mais... Ab...

Je suffoquais. Ma tristesse commençait par étouffer. Je devais m'arrêter. Je ne pouvais pas lui montrer mes larmes. Je me retournais. J'avais du mal à respirer. Je m'éloignais d'Absynthe, jusqu'à aller dans un coin de la ruelle. Mes yeux se mirent à virer au rouge et ma voix devenait plus grave.

- Comment oses-tu ?

Je la pris par le cou. Mes griffes grandirent et s'enfoncèrent dans sa peau.

J'étais mal … Vraiment très mal … J'avais envie de partir loin de lui, loin de cette vie qu'il venait de me peindre. Au fur et à mesure que je m'éloignais, je sentais s'envoler avec tout espoir de vivre cette scène de ma prémonition. Mais je n'y croyais pas … Et si j'y avais ne serait-ce un jour cru, tout cela s'était envolé lorsqu'il m'avait embrassé sans aucun sentiment. J'aurais peut-être été capable de déplacer des montagnes pour le vrai Amour … Mais pas pour un amour non réciproque.
Je m'arrêtais alors, me rendant compte que je venais de penser au mot amour. Etait-ce possible ? L'amour était-il ce sentiment de se sentir aussi bien et aussi mal à la fois lorsqu'on est près de quelqu'un ? Est-ce chercher dans les yeux de l'autre un signe, nous montrant que l'on compte bien plus qu'on ne l'imagine …
Je ne pus continuer dans mes pensées … Je sentis qu'on me saisissait par la gorge. Je fus plaquée contre un mur, et je sentais des griffes pénétrer la peau de mon cou. Cela faisait mal … Très mal … Et lorsque mon regard se porta sur mon agresseur, et que je le reconnus, je me sentis défaillir. A nouveau, j'entrais dans une transe telle que je sus que j'allais avoir une autre prémonition. Cette fois-ci, il ne s'agissait pas d'une plage … Non … Mais de ma piscine … Je reconnaissais ma villa. Et je nous voyais nous amuser dans l'eau. Rien de sexuel comme ma dernière prémonition, mais cette fois-ci, on voyait une complicité exceptionnelle.
Je revins à moi, et je plongeais mes yeux dans celui du seul garçon pour qui mon coeur avait un jour battu.

Mel … Je t'en supplie … Je …

Je ne parvenais pas à le dire. Je t'aime ? Non … C'était trop difficile. Je sentis alors mon corps se dédoublait, comme il l'avait déjà fait. Je me trouvais alors derrière Mel, du moins, si c'était encore lui. Et dans cet autre corps, je me sentais mieux.

Lâche-moi Mel … Si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour toi … Je tiens à toi …

Ma voix s'était cassée, et je retournais dans mon corps, sentant que ce dernier commençait de plus en plus à souffrir. Mon coeur battait de plus en plus doucement, les griffes se reserrant sur ma peau. Mon regard implorant se plongea dans le sien, et de nouveau, des larmes en jaillirent.

Pardonne-moi si je t'ai blessé … J'ai … peur …

Mel … Je t'en supplie … Je …

Je ne me contrôlais plus. J'avais une envie de tuer. Je n'avais jamais ressenti ça. Puis, je la vis s'évanouir dans ma main.

Lâche-moi Mel … Si tu ne le fais pas pour moi, fais le pour toi … Je tiens à toi …

Elle était derrière moi. Je me retournais en lâchant la véritable Absynthe. Puis, le double disparut. Je regardais Absynthe. Je la repris avant qu'elle ne revienne à elle. Lui replantant mes griffes acérées dans sa peau. Elle recommençait à pleurer.

Pardonne-moi si je t'ai blessé … J'ai … peur …

Mes yeux commencèrent à me brûler. Je la lâchai et m'agenouillai. Je me tenais la tête. Je souffrais le martyre. Enfin, tout s'arrêtait. Je me relevais. Absynthe saignait. J'accourus près d'elle.

- Absynthe ! Excuse-moi !

Je la serrai contre moi. Et là, c'était sincère. Je commençais à ressentir quelques chose pour elle que je n'avais jamais ressenti.

- Je t'en supplie excuse-moi...

J'étais devenu ce que je redoutais le plus. Un démon. Et j'avais agresser Absynthe. Elle m'avait en quelque sorte sauvé grâce à son pouvoir d'ubiquité. Je cherchais dans mon sac une autre potion de guérissement mais je n'en trouvais pas. Je m'en voulais tellement que je pouvais tout faire pour me racheter.

- Tu m'as sauvé. Si tu veux je pourrais essayer d'enlever tes pouvoirs...

Je pris un stylo et une feuille de papier et je commençais à écrire une formule de renoncement de pouvoirs. A la fin, je la tendis à Absynthe. Son destin était entre ses mains. Soit elle restait sorcière, soit elle devenait une simple humaine.

J'étais perdue … Que s'était-il passé ? Pourquoi cette soudaine transformation ? J'avais la nette impression que le garçon que je considérais comme étant le plus mignon de cette planète avait un lourd secret. Mais chacun n'avait-il pas un secret ? Quel était le mien ? J'en avais plusieurs … Et je n'étais pas prête à les affronter pour le moment.
Ma vie défilait devant mes yeux à une vitesse hallucinante. J'étais persuadée qu'il allait finir par me tuer. Après tout, il ne m'aimait pas … Alors qu'est-ce que ma vie lui importait ? Je pouvais mourir … Il ne me regretterait pas. Le seul problème aurait été d'expliquer ma mort.
Mais je me trompais. Il lâcha mon corps, alors que mon don d'ubiquité se stoppait. Je me retrouvais donc par terre, le cou en sang et les yeux révulsés. Je revins peu à peu à moi, attiré par la douce voix de Mel.

Absynthe ! Excuse-moi ! Je t'en supplie excuse-moi...

J'ouvris doucement les yeux et je croisais son regard paniqué. Il s'en voulait, je le sentais … Tout cela était de ma faute … Mais cette vie me terrorisait … Je venais à peine d'apprendre que j'étais une sorcière, que je serais confrontée à des démons et qu'il y avait des tonnes de règles. Qui se réjouirait en entendant cela ?
Je le vis alors chercher dans son sac, surement après une potion de guérison, en vain. Il attrapa alors un stylo et un papier, et entreprit de faire une formule pour me débarrasser de mes pouvoirs. La tentation était grande … Je devais l'avouer … Je serais après un être tout à fait ordinaire, et plus rien ne me relierait à Mel …
Je pris le papier qu'il me tendait et je le parcourais des yeux. Ma main tremblait et je me sentais faible. Je pliais alors doucement le papier, de façon à ce qu'il ne fasse que quelques centimètres, puis j'attrapais la main du jeune homme. Le contact de sa peau chaude contre la mienne qui était gelé me fit frissonner. Je lui mis alors le papier dans la main. Il sembla surpris, et je lui expliquais alors:

Laisse-moi du temps … Je ne sais pas si ce qu'il m'arrive est bien ou mal … Mais je sais que si je renonce à cette vie, je renoncerais à toi.

Je tentais de me relever, sentant mes jambes flageoler. Mes dernières paroles étaient assez claires. Il devait bien comprendre que là-dessous, il y avait des sentiments bien plus forts qu'une quelconque amitié ou une simple attirance. J'attendis qu'il se redresse avant de déposer un tendre baiser sur sa joue.

Je ne suis pas une fille bien … Loin de là … Et tu n'es pas fait pour moi …

A ma grande surprise, elle me rendit le papier après l'avoir plier plusieurs fois. Je ne comprenais pas. Elle m'avait crier dessus pour que je lui enlève ses pouvoirs et là, elle me redonna le seul moyen pour qu'elle puisse s'en débarrasser.

- Laisse-moi du temps … Je ne sais pas si ce qu'il m'arrive est bien ou mal … Mais je sais que si je renonce à cette vie, je renoncerais à toi.

Sa réaction me fit plaisir. La magie était un don. S'en débarrasser serait une grave erreur. Je lui souris. Je me redressais. Je la vis s'approcher et me déposer un baiser sur ma joue.

- Je ne suis pas une fille bien … Loin de là … Et tu n'es pas fait pour moi …

- Je comprends. On reste ami ?

Je lui tendis la main et lui souris. Avant qu'elle ne la prenne et me réponde, j'eus une illumination. La forme que le démon avait créer avec sa chair me rappela le signe d'un complot de démon. Alors, je pris ma carte et mon pendule. Je me concentrais essayant de retrouver une trace de cette assemblée. Puis, le cristal se posa sur Chinatown. Je devais partir.

- Absynthe. Je dois y aller.

Je courrais pour de pas perdre de temps. Je vis un taxi et j'accourus en direction de lui. Puis, je me retournais observant Absynthe qui ne comprenait rien.

- On s'appelle hein ?

Je montais dans le taxi et dis au conducteur ma direction. J'ajoutais qu'il devait se dépêcher et que j'étais pressé. Il accéléra et j'ouvris la fenêtre. Je lançais un bout de papier où était écrit mon numéro de téléphone. Je souris à Absynthe.