Why ? I beginn to forget you ... [Pandy]

Dure dure la vie d'un Cupidon … Il faut dire que je travaillais beaucoup, et que, par conséquent, je ne dormais que trop peu. Entre mes cours à l'école de magie et mes amours à trouver pour mes humains … Bref, je n'avais plus vraiment une seconde à moi, et je trouvais le temps de dormir deux à trois heures par nuit. J'avais un petit appartement dans Russian Hill, qui était décoré tout simplement, et dans lequel je ne passais que très peu de temps. Alors autant dire que le loyer que je payais était bien élevé pour l'usure de cet appartement.
Ce jour-là, je devais être exténué … Le printemps venait de pointer son nez et avec, la saison des amours. Entre ceux qui trouvaient avoir le caleçon trop plein et les autres qui déprimaient parce qu'il ne trouvait pas le grand amour, j'avais énormément de travail. J'étais rentrée la veille à cinq heures du matin et j'avais mon premier cours d'histoire de la magie à dix heures le lendemain. Bref, cinq heures devant moi, si je me réveillais uniquement à l'heure de partir à l'école … Autrement dit, j'allais dormir à peine quatre heures.
Lorsque le réveil retentit à neuf heures, un grognement bestial s'échappa de mes lèvres, signe que l'on me tirait trop tôt de mon doux rêve. Eh oui, les Cupidons font des rêves ! Et ce rêve-là n'avait rien à voir avec les rêves habituels que je faisais … Pandore … Pourquoi Pandore Halliwell apparaissait dans mes rêves ? Il fallait dire qu'avec Amber qui tentait de me faire revoir la jeune femme, j'en entendais souvent parler. Et même sans en entendre parler, mon esprit ne voulait plus effacer le visage et le coeur parfait de la jeune blonde. Et mon rêve était sans aucun doute une manifestation de mon inconscient. J'avais envie de la revoir, mais j'avais échoué dans ma mission de lui trouver l'amour … J'ignorais encore pourquoi, mais j'avais honte de ne pas lui avoir trouvé le grand amour … Cela faisait un an … Un an que j'avais disparu de la vie de la belle jeune femme.
Je ne me souvenais plus de mon rêve, mais je savais pertinemment que la jeune Halliwell en faisait partie. Je dus donc prendre une bonne douche pour que la beauté parfaite de la jeune femme parte de mon esprit, puis je m'habillais d'un jean et d'une chemise blanche. J'avais beau être né il y a plus d'un siècle, je n'avais pas la garde-robe d'un ancêtre …
Une fois habillé, je me téléportais dans l'école de magie. Il me restait un peu de temps avant de commencer mon cours. Je me dirigeais donc dans ma salle de cours afin de tout préparer, les feuilles dans mes mains. Je ne regardais pas devant moi, trop occupé à trier le tas de paperasse devant moi. Je me retrouvais alors à percutais une jeune femme, qui tomba par terre.

* Oups … *

Je lui tendis la main, mettant mes feuilles dans l'autre.

Je suis vraiment navré, Mademoiselle … Pan … Pandore ?

C'était un choc … Devant moi, celle que j'avais fuit pendant un an. Toujours aussi belle, et toujours aussi seule … Je n'eus besoin que de deux secondes pour sonder son coeur … Pandore Halliwell n'avait toujours pas trouver le grand amour ...

La vie avançait et pourtant je ne suis pas à mon époque. Il y a maintenant presque un an que je suis arrivé dans le passé ? Tout d'abord, amnésique, mais par la suite j'ai découvert qui j'étais et aussi pourquoi j'étais revenue à cette époque. Je dois sauver ma famille et ce n'est pas une tâche facile ? La preuve, je suis toujours dans le passé et en de plus de ça, je suis maman. Cela peut surprendre n'est-ce pas ? Et bien on peut dire que quand on fait des choses, par moment on en subi les conséquences, mais contrairement à certaines personnes, je suis fière d'avoir mes deux fils, car oui ! J'ai accouché il y a trois mois de jumeaux qui sont magnifiques. Je n'aurais jamais cru avoir des enfants aussi jeunes, mais c'est un choix que je regrette aucunement aujourd'hui. Ils sont ma vie et j'ai la chance d'avoir une mère qui me soutient dans mes choix, même si je dois reconnaître que lui avouer d'être sa fille n'avait pas été une tâche facile.

Mon réveille venait de sonner. Il était huit heures et je n'étais pas en avance. C'est en prenant une douche rapide et en enfilant un jean et un haut en toute vitesse que je me suis occupé de mes deux fils. Avoir un enfant en bas âge ce n'est vraiment pas facile, mais imaginez-vous avec deux c'est autre chose. Je ne devais pas trainer plus longtemps, surtout qu'il faut que je les dépose chez Jared avant d'aller à l'école de magie. Je les ai habillés et je les ai nourris pour ensuite les mettre dans la poussette et sortir en attrapant mon sac de cours au passage. C'est seulement vers 9h30 que je suis arrivé devant chez Jared. Le saluant et lui laissant les enfants pour la journée, car il avait envie de les avoir, je les ai quittés à contre coeur pour me rendre à l'école de magie. Il est vrai qu'être en retard, je n'aime vraiment pas cela, mais que voulez-vous ? On n'est pas tous fait pour être à l'heure n'est-ce pas ?

Je venais d'arriver à l'école de magie et les élèves se pressaient pour se rendre dans les salles de cours. Il est vrai que le retard n'est pas parmi et je les comprends après tout le temps est précieux dans le monde magique et tout le monde le sait. Je me suis rendu à mon casier pour y prendre mon cours d'histoire, car à cette heure-là j'ai histoire, mais surtout que cela ne fait à peine quelques semaines que je suis entré dans cette école alors tout est assez nouveau pour moi, enfin à cette époque bien sûr. Refermant mon casier, je me suis rendu au bout du couloir et en voulant tourner, j'ai foncé dans quelqu'un et je me suis retrouvé les fesses au sol. Pas très élégant. Regardant la main du jeune homme, je la lui ai prise pour m'aider à me relever et c'est en relevant la tête vers ce jeune homme que mon coeur s'est arrêté. Comment est-ce possible ? Elioth ? Ici ? Dans l'école de magie, mais c'est impossible.

« Elioth ? Mais... Que fais-tu là ? Enfin comment est-ce possible ? Pourquoi tu es dans cette école, tu ne peux pas c'est... »

Je n'arrivais pas à y croire, depuis un an maintenant je ne l'ai plus revu. Il m'a laissé tombé alors que j'avais besoin de lui, je m'étais attaché à lui et il a réussi à faire battre mon coeur... Juste après ça, il m'a laissé...

La vie vous réserve parfois d'étranges surprises … mais j'avoue que je me serais bien passée de celle-là. N'allez pas croire que je n'étais pas heureux de revoir la sulfureuse et parfaite blonde, mais pour mon cœur, cela n'était pas un cadeau. J'avais tout fait pour m'éloigner d'elle, avec comme excuse que je me sentais honteux de ne pas avoir su lui trouver l'homme qu'elle recherchait. Réellement, la cause était tout autre, mais comme me le disait souvent ma collègue Amber, je me voilais la face sur mes sentiments personnels.
Je me retrouvais donc dans ce couloir, face à une femme qui était pour moi une femme parfaite. Et croyez-moi, en plus d'un siècle, la perfection à mes yeux était très rare. Pandore était d'ailleurs la seule femme qui m'avait donné ce sentiment, et avec qui mes rapports avaient dépassé le rapport qu'une personne peut avoir avec son Cupidon. Nous avions été amis, certes, mais d'une amitié particulièrement complice, et je ne lui avais jamais avoué que j'étais en fait un être magique envoyé pour qu'elle trouve l'amour.
Le choc fut brutal, puisque la belle blonde se retrouva sur les fesses. C'est en l'aidant à se relever que je compris qu'il s'agissait de la femme qui avait hanté mon rêve la nuit dernière. Aïe … Qui dit retrouvailles dit explications, et le lieu de rencontre n'était franchement pas ce qu'il y avait de mieux pour cacher ma réelle personnalité … Je sentais que l'heure était venue de tout dévoiler, et franchement, je ne me sentais pas prêt à affronter la jeune Pandore.

Les questions fusèrent rapidement, et la belle blonde semblait complètement perdue. Mon coeur se serra à la vue de l'incompréhension de la jeune femme, et je dus prendre sur moi-même pour ne pas la prendre immédiatement dans mes bras. Alors que je m'apprêtais à lui répondre, quelques étudiants passèrent dans le couloir. J'attrapais la main de Pandore et je l'entrainais dans une salle de classe vide. Je fermais la porte afin de ne pas être dérangé.

Je crois qu'on a des choses à se dire Pandore … Comme tu l'as deviné, si je suis à l'école de magie, c'est que je fais partie de ton monde …

Je lui souris doucement, essayant de ne pas me trahir complètement. Je refusais de lui avouer que j'avais échoué dans ma mission de lui trouver un homme.

La vie est un mystère. La vie nous réserve par moment des surprises, mais toujours au moment où on s'y attend le moins. En me réveillant ce matin, en déposant les fils, mais surtout en me rendant à l'école de magie je n'ai pensé le revoir. Lui, l'homme qui à mon arrivée à cette époque était là pour moi. Il est devenu mon ami, mais surtout au file des semaines, des mois je dirais, il est devenu bien plus qu'un simple ami pour mon coeur. Des sentiments à son égard ? Oui... Mais ce qui m'a fait le plus de mal dans tout cela, ce n'est pas le fait que ça ne soit pas réciproque, mais qui, du jour au lendemain, s'est envolé. Il m'a laissé sans aucune nouvelle et dans la peine et la douleur. C'était bien une des dernières personnes qui je voulais ne plus revoir.

Durant plusieurs semaines et même plusieurs mois, je voulais, j'espérais qu'il me revienne. Mais rien du tout et c'est au moment où je commençais à l'oublier qu'il refait surface dans ma vie d'une façon plus surprenante encore et me voilà en face de lui, où plutôt je dirais les fesses sur le sol et en face de lui, dans cette école qui n'accueille que des personnes appartenant au monde magique. Je me trouvais en face, perdu comme jamais. Depuis tout ce temps, il m'a caché qu'il appartenait au même monde que moi. C'est seulement à peine relevé qu'il m'entraîna dans une salle de classe vide en nous enfermant dedans à double tour. Je le regardais. Il est vrai que j'attendais des réponses cela va de soi. Mon regard était posé sur lui et n'était pas près de bouger d'ailleurs.

« Depuis tout ce temps tu m'as caché que toi aussi tu étais du même monde que moi ? Que tu savais sur l'existence de la magie et surtout pour moi. Tu sais ce que je suis et tu ne me l'a jamais dit ? Pourquoi avoir gardé le silence ? Qui es-tu vraiment ? Mais surtout, pourquoi tu es parti du jour au lendemain sans me redonner de nouvelle ? Et un an après on se revoit ? Si tu ne souhaitais pas rester en contact avec moi, il fallait me le dire. Pas besoin de partir comme un voleur ».

Un peu énervé ? En effet ! Je le suis. Après tout, il a disparu comme cela du jour au lendemain et c'est aujourd'hui que je le revois et de plus dans une école de magie. Tout cela me paraît étrange et je n'en reviens tout simplement pas.

Oui … Je lui avais caché la vérité sur ma nature, je l'avais côtoyé pendant tout ce temps sans lui apprendre que j'étais magique et j'étais devenu son ami en lui cachant une partie de moi. Et je ne pouvais pas la blâmer de s'énerver sur moi. C'était aussi cette partie de son caractère que j'appréciais … Et je devais avouer que j'étais un peu pareil : lorsque je voulais savoir quelque chose, j'y parvenais toujours d'une façon ou d'une autre.
Nous étions donc à présent seuls, enfermés dans une salle de classe vide, la porte fermée à double-tour. J'avais beau essayé de ne pas y penser, mais mon coeur semblait s'emballer à l'idée que j'étais enfin seul avec Pandore, et que Amber m'avait toujours dit que si je ne trouvais pas d'homme pour cette dernière, c'était parce que je cherchais trop loin … D'après elle, l'homme qu'il fallait à Pandore était sous mes yeux.
Je ne voulais pas comprendre le sous-entendu de ma collègue. Nous, les Cupidons, étions présents pour aider les humains et sorciers dans leur quête de l'amour. Peu d'entre nous avions trouvé l'amour, tout simplement parce que notre mission était bien trop importante pour se perdre avec une personne … Et j'avais beau nier l'évidence, je mettais perdue avec Pandore … Aucun homme n'était assez bien pour elle, et j'avais du laisser le relai à quelqu'un d'autre.
Mais comment lui avouer cela ? Les questions qu'elles me posaient à la suite, sans me laisser le temps de me répondre, étaient plus censées les unes que les autres. Je fermais doucement les yeux, cherchant une parade. Je ne savais pas mentir, c'était une de mes qualités, qui s'avérait aujourd'hui devenir un obstacle. Oh si, le mensonge par omission, je connaissais … Mais je ne pouvais pas dire le contraire de la vérité.

S'il te plait, calme-toi … La discussion ne sera pas simple sinon …

Je fis les cent pas, puis je me décidais à aller prendre place sur le bureau. D'un geste de la main, je tapotais à côté de moi, invitant la belle jeune femme blonde à venir s'installer à mes côtés. De cette façon-là, ce serait plus simple.

Alors je vais essayer de répondre à toutes tes questions. Oui, je t'ai caché ma nature, mais il me semble que tu ne m'as pas avoué ton appartenance à la magie. Je savais que tu étais une sorcière, mais je ne me suis pas renseignée sur toi Pandore … Et si je suis parti, c'est que …

J'ai failli à ma mission ? J'étais un nul ? Un autre Cupidon a pris ma place ? Non ... Je ne pouvais pas lui avouer ... Ne pas dire de mensonge, sans dire toute la vérité, cela devait être possible, non ?

Il valait mieux que je parte … Ne m'oblige pas à te dire pourquoi, je me sens assez pitoyable comme ça … Franchement Pandore, j'aurais préféré que tu ignores tout et que tu ne tombes pas sur moi aujourd'hui, mais c'est le destin … Et … C'est idiot mais si je te dis la vérité, je te perdrais à nouveau.

Tout ça, je l'avais dit en regardant le sol … Je ne parvenais pas à regarder la splendide Pandore dans les yeux …

Je ne voulais pas le laisser parler, enfin si, mais en réalité, je ne voulais pas attendre plus longtemps. Ce que je souhaitais, c'était tout savoir et surtout comprendre pourquoi il me l'a caché, mais surtout pourquoi il est parti comme un voleur. Dire que je pensais qu'à cette époque la vie pouvait être bien, mais en réalité, cela n'a guère changé, même dans l'époque d'où je viens. Les sentiments amoureux, les situations amoureuses sont toujours pareils et rien n'a changé de ce coté-là ce que je trouve bizarre. Le revoir ? Je le voulais tellement, mais dans des conditions bien différentes. Maintenant, je l'ai revu. Une partie de moi est vraiment excité, heureuse de le revoir, d'être près de lui, mais une autre est en colère, ne comprend pas pourquoi maintenant et pas avant. Une chose était sûre et certaine, c'est que je ne partirais pas et ne le laisserais pas partir quoi qu'il arrive sans avoir eu une très bonne explication de sa part. S'il me connaît si bien, il devrait lui-même le savoir. Savoir que je ne laisserais pas tomber sans avoir eu des explications venant de sa part.

« Me calmer ? Mais au bout d'un an d'absence je te revois et dans une école de magie. Comment veux-tu que je reste calme en découvrant tout cela ? ».

J'essayais de me calmer, de rester calme pour ne pas m'énerver encore plus que je ne le suis déjà ? C'est en le regardant s'asseoir et en tapotant le siège à ses coté que j'ai compris qu'il voulait que je m'assoie à ses coté. Seulement il m'a fallu deux bonnes minutes avant de me décider de le rejoindre et de m'asseoir près de lui.

« Je ne t'ai rien avoué, car pour moi tu étais un simple humain, n'appartenant pas au monde magique et autant que je sache on évite d'avouer à quelqu'un qu'on est une sorcière, alors ton excuse n'est pas valable, je suis désolé Elioth. Que recherchais-tu en te rapprochant de moi ? Tu voulais me faire mal c'est ça ? Et bien tu as réussi, tu m'as laissé tombé alors que j'avais besoin de toi à ce moment plus qu'à d'autre. Pourquoi es-tu parti ? ».

Je voulais savoir et même s'il ne veut pas me le dire, je trouverais la réponse moi-même. Je sais me débrouiller pour trouver des réponses et je trouverais ce qu'il me cache et qui il est réellement. J'ai comme l'impression de ne pas le connaître, de parler à un homme inconnu qui depuis tout ce temps n'a fait que de me cacher ce qu'il était.

« Me perdre à nouveau ? Comment ça ? Explique-moi Elioth. Pourquoi me perdre à nouveau ? D'ailleurs, je sais très bien qu'après qu'on sera sorti de cette salle de classe, je ne te reverrais plus, donc je préfère m'en aller maintenant. Comme ça je ne te perdrais pas à nouveau. C'est toi qui me perd. Je pensais que tu me connaissais, que tu pouvais me faire confiance, mais j'ai dû me tromper depuis le début. ».

Je me lève. Le fait de le revoir, venait de réveiller en moi des sentiments qui, je croyais disparu depuis un petit moment. Je ne voulais pas en souffrir encore une fois, c'est pour cela que je préfère m'en aller, ne plus le revoir, car si c'est pour qu'il parte à nouveau, je préfère éviter d'en souffrir.

Elle ne voulait donc pas se calmer … Je ne pouvais hélas pas la blâmer … Tout le monde ne possédait pas mon calme légendaire et même si Pandore était intérieurement et extérieurement parfaite à mes yeux, elle possédait tout de même quelques défauts, mais qui étaient minimes à côté du nombre de qualités fabuleuses qu'elle possédait. Belle Pandore … Comment vais-je faire pour ne pas me trahir ? Pour ne pas avouer que j'ai failli à ma mission … Pour ne pas que tu me vois comme un homme nul, qui n'a même pas été capable de trouver son âme soeur, alors qu'il était un Cupidon ? Non … Il était hors de question pour que je passe pour un incapable … Pas à ses yeux … Je n'y survivrais pas …
Lui faire du mal ? Comment pouvait-elle imaginer cela ? Ces mots me firent l'effet d'un poignard, et je déglutis difficilement. Mes mains tremblaient … Pandore croyait que je lui voulais du mal, moi qui avait toujours voulu qu'elle soit heureuse ? C'était pour cela que j'étais parti, pour cela que j'avais laissé la place à un autre Cupidon … Tout simplement car je ne parvenais pas à trouver l'homme qui la rendrait heureuse.

Comment …. Comment peux-tu croire cela Pandore ? Le penses-tu vraiment, ou tu me dis ça sur un coup de tête ? Jamais … Jamais je n'ai voulu te faire de mal, bien au contraire …

Sa voix était pleine d'amertume et ses mots pleins de reproches … Je l'avais laissé tomber quand elle avait besoin de moi … Je ne pouvais pas la laisser penser cela … Et je ne pouvais pas la laisser avec cette colère, cette tristesse … J'avais l'impression d'être un empathe … Pourtant, je ne l'étais pas … Comment pouvais-je rester là, en me prenant toute son amertume dans le visage, sans rétorquer ?
J'étais juste Elioth … J'apprenais à encaisser sans rien dire … Je sentais qu'au fond, elle avait besoin de tout lâcher comme ça … Alors je restais stoïque, assis sur ce bureau, écoutant son flot de paroles … La perdre … ? Non, je ne le voulais pas … Et pourquoi venait-elle donc de se lever … ? Pourquoi partait-elle vers cette porte, vers cette sortie ? Pourquoi donc partait-elle loin de moi, me fuyant comme la peste ? Et pourquoi je la laissais faire ?
Je me posais bien trop de questions. Je devais arrêter de réfléchir …

Pandore … Non … S'il te plait …

Je me rendais compte que je n'avais plus que deux options : soit je lui avouais tout et j'avais peut-être un moyen de la retenir, soit je ne disais rien et elle repartirait, comme elle était apparu.

Je … J'étais ton Cupidon … Je me suis fait remplacé car je n'ai pas su trouver ton ame-soeur … J'ai failli Pandore … Je … Je ne suis qu'un incapable … Maintenant, tu peux partir, tu connais toute la vérité … Mais sache que jamais, jamais je n'ai voulu te faire de mal …

Ma voix était calme, et ne reflétait pas mon état d'esprit … Elle ne tremblait pas … Elle était juste moi … Par contre, mes mains tremblaient comme jamais, et je dus ouvrir une fenêtre pour prendre l'air. Je ne regardais plus Pandore, je lui tournais le dos … Et je m'attendais d'un moment à un autre à entendre claquer la porte, définitivement.

La vie peut par moment être dure et je peux vous le dire. J'ai vu mes parents se faire tuer devant mes yeux alors croyez-moi, des choses horribles dans ma vie ? J'en ai vu et pas qu'un peu. Le fait d'avoir fait un retour en arrière pour sauver ma famille, m'a donné un peu de courage, mais ce n'est pas pour autant que la vie dans le passé est aussi simple. J'ai encore en moi des tas de secrets que je n'ai pas dévoilé, mais surtout j'ai une vie qui bientôt je devrais quitter pour retourner à mon époque. Il y a maintenant un an, un an ou tout a changé, ou aujourd'hui j'ai eu le plus merveilleux des cadeaux qui sont mes deux petits garçons. Je ne le regrette pas du tout, mais ce qui me fait le plus mal c'est d'être dans cette salle de classe enfermé avec ce garçon qui m'a laissé royalement tombé du jour au lendemain et qui était pour moi une personne très importante. J'ai essayé de l'oublier et je pensais avoir réussi. Seulement le revoilà devant moi et maintenant ce que je pense de lui, ce que je ressens pour lui c'est plus de la haine qu'autre chose. Il m'a fait souffrir en me laissant et je ne souhaite pas que cela recommence.

« Tu veux vraiment savoir Elioth ? Je le pense vraiment. Tu m'as fait souffrir en me laissant toute seule. Tu es parti du jour au lendemain alors qu'on était proche ensemble. Tu n'as jamais voulu me faire du mal ? Tu es sérieux ? Alors, pourquoi partir comme un voleur ? »

Méchante dans mes paroles ? Je le suis vraiment, mais je trouve cela normal après tout il m'a laissé tombé, ne m'a rien dit et n'est jamais revenu ou envoyer une lettre ou autre pour me prévenir, pour me dire qu'il allait bien. J'en avais marre et je sais que tout ce que je venais de lui dire était bien méchant, mais j'avais besoin de me vider, de lui dire ce que je pensais de lui, de lui avouer tout ce que je ressentais au plus profond de moi-même. En ayant marre, je me suis rendu vers la porte de la salle de classe pour m'en aller. Souffrir une nouvelle fois de sa disparition, de son absence et bien je ne le pouvais pas et c'est pour cela que je me suis rendu à cette porte quand il me dit non. Je me suis retourné pour le regarder. J'attendais qu'il me dise quelque chose et c'est ce qu'il a fait. Je l'écoutais et rien qu'en entendant « J'étais ton Cupidon », je suis resté sans voix. Je ne savais quoi dire restant silencieuse et l'écoutant tranquillement. Ma colère descendait peu à peu, il venait de m'avouer ce qu'il était, le pourquoi de sa disparition. Je me sentais bête, mais toujours un peu énervé, car il ne m'a rien dit. Surtout que je l'aurais compris, car ma mère est en quelque sorte cupidon elle aussi.

« Mon Cupidon ? Tout ce temps tu étais près de moi pour me trouver quelqu'un ? Tu aurais dû me le dire tu sais. Tu n'as pas réussi et ce n'est pas grave, tu sais ton remplaçant n'a pas fait mieux que toi, car je suis toujours aussi seule, cela n'a pas changé depuis que tu es parti ».

Je le regardais, mais il venait de se mettre de dos. Doucement, je me suis avancé vers une des tables qui se présentaient devant moi et je me suis assise dessus.

« Pourquoi tu n'es tout de même pas resté en contact avec moi après que tu sois parti ? Je ne suis pas vraiment une hors la loi, ma mère a du sang Cupidon, je suppose que j'en ai tout de même un peu ».

Jusqu'ici, je ne m'étais jamais posé de questions. Pourquoi me direz-vous ? Tout simplement parce que je me voilais la face. Ce n'était pas forcément ce qu'il y avait de mieux mais voyez-vous, c'était la seule chose que je savais faire. Un Cupidon est l'ange de l'amour … La classe en somme, non ? Mais en fait, que connaissons-nous de l'amour ? Pas grand chose … Dans ma vie, je n'avais jamais eu de chagrin d'amour … J'avais connu des filles, il y a quelques siècles, mais jamais je n'avais connu celle qui faisait vibrer mon coeur … Jusque Pandore.
Pandore … Elle hantait mes pensées, mes rêves et mes envies. Lorsque je l'avais comme « protégé », je ne m'occupais presque que d'elle. J'apprenais à la connaître, je passais du temps avec elle, elle se confiait à moi … Et à côté de cela, je regardais quel est l'homme qui saurait faire battre son coeur et qui saurait lui offrir ce qu'il y avait de meilleur … Bien entendu, j'ignorais que j'étais cet homme, et c'est pourquoi je ne le trouvais pas.
Lorsqu'elle me dit qu'elle pensait vraiment me détester, mon coeur se brisa … Jamais je n'aurais pensé entendre ses mots dans sa bouche, sa bouche d'un rose le plus pur … C'est pourquoi je lui avouais tout … Quitte à ce qu'elle me déteste, autant qu'elle le fasse pour la bonne raison … Tout sortit … Un flot de paroles inaudible pour moi … Je me détestais moi-même en le sortant … J'avais failli, et j'étais persuadé que jamais Pandore ne me le pardonnerait.
Elle parut en effet surprise. En même temps, ce n'est pas tout les jours que l'on apprend que l'homme que l'on voyait quotidiennement est en fait un ange ayant été envoyé pour trouver votre âme soeur … Mais, étonnamment, elle ne réagit pas mal. Du moins, pas de la façon dont je pensais. J'avais imaginé qu'elle claquerait la porte et que je ne reverrais jamais son doux visage … Ce visage dont le moindre trait parfait était gravé dans ma mémoire.
J'appris alors que mon remplaçant avait lui aussi failli dans sa mission, et je ne sais pourquoi, je me sentis heureux et beaucoup plus serein. Je me dis aussitôt qu'au moins, cela ne venait pas de moi. Bien entendu, une fois de plus, je me mentais … Pandore était une femme merveilleuse, et si l'on m'avait demandé de décrire en un mot l'amour, j'aurais donné ce prénom.
Elle me demanda alors pourquoi j'étais parti … Que pouvais-je lui répondre ? Je fronçais les sourcils, me demandant ce qu'elle appelait ne pas être hors la loi.

« Pourquoi parles-tu de loi ? Tu sais Pandore, j'ai essayé de te trouver quelqu'un … Si je suis parti, c'est surtout parce que j'avais plutôt l'impression d'être un obstacle dans ta vie amoureuse … A mes yeux, aucun homme n'était assez bien pour toi. »

Je détournais alors le regard, puis je m'avançais vers la fenêtre, regardant le grand jardin de l'école de magie.

« Parfois … Je me dis qu'Amber a peut-être raison ... »

J'ignorais ce qui liait Amber et Pandore … Ma collègue, mon amie, me disait souvent que Pandore et moi formions un beau couple, et que cela se voyait qu'elle était précieuse à mes yeux … Elle connaissait mon statut de Cupidon et elle essayait de m'ouvrir les yeux sur le fait que j'avais droit moi aussi de trouver la femme de ma vie. Mais, bien entendu, je faisais comme si de rien était, même si, au fond, ses paroles avaient eu beaucoup d'impact sur ma façon de voir Pandore.

« J'étais devenue beaucoup trop proche de toi … A tout niveau ... »

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