Une petite journée comme une autre se profilait à l'horizon et Patrick avait envie d'en profiter un peu. Car oui, être ange gardien n'était pas facile tous les jours et Patrick était loin aussi d'être de ces anges pompeux qui passaient leur temps à bosser et ne profitant jamais. Bien qu'il devait toujours rester aux aguets au cas où un de ses protégés venait à se retrouver en danger. Mais Patrick avait besoin de sa petite liberté de mouvement, déjà que de sa vie, il n'aimait pas être tenu "en laisse" alors depuis sa mort... Je vous laisse imaginer.

Que faisait-il alors ? Il s'était d'abord installé sur la terrasse du centre commercial et avait bu un thé au citron, comme d'ordinaire quand il venait à se poser. Il était resté à observer les gens autour de lui. Il adorait ca. Observer. Depuis enfant, il l'avait toujours fait, mais quand il était encore vivant, il avait une autre particularité: Il pouvait entendre les pensées des gens. Aujourd'hui, il n'y arrivait plus. Pourquoi ? C'est bien simple, par la mort, ses pouvoirs de sorciers se sont transmis à sa descendance et bien entendu, il avait récupéré d'autres pouvoirs: ceux des êtres de lumières. Patrick eut d'abord l'impression d'être presque totalement sourd quand il se réveilla au paradis. Il avait grandi avec son don. Depuis aussi longtemps qu'il pouvait se souvenir il l'avait toujours eu... ou presque. Ce fut à la mort de sa mère qu'il le récupéra. Sa mère étant morte à ses huit années... Celà fait pas mal de temps.

Quoi qu'il en soit, il avait le regard fixé sur les passants, observant leurs comportements et se demandant ce qu'ils pouvaient bien penser. Tentant de se rappeler tant bien que mal ce qu'un geste voulait dire. Et il y arrivait. Peut être que certains pouvaient voir ici une perte de temps. Pas pour Patrick. Il avait besoin de ce don, il avait besoin de savoir pour mieux anticiper. Ce qui faisait surement de lui un être de lumière tout à fait hors norme. Il n'avait plus ce pouvoir là ? Pas de soucis, celà faisait presque 10 ans maintenant qui faisait cet exercice. Et l'effort avait déjà payé plusieurs fois. On ne refait pas un vieux roublard comme lui.

Il baissa les yeux sur sa tasse qu'il venait de terminer. Il déposa un billet de manière nonchalante sur le table et se leva. Il regarda rapidement l'heure. Celà faisait un petit moment qu'il était assis là et il avait pu voir pas mal de monde passer. Il se leva tranquillement. Il enfonça ses mains dans ses poches et se mit à marcher d'un pas à la fois assuré et léger vers les allées du grand centre commercial. Rien que par sa démarche, on pouvait savoir à qui on avait à faire... Comme toutes les démarches d'ailleurs. Un parfait reflet de la personnalité de chaque individu, et Patrick n'en faisait cas à part. Pas à la fois dynamique et assuré, mais aussi presque sautillant et dansant. Le type de gars qui savait où il allait -ou du moins le montrait comme ca- et qui restait un gars vraiment décontracté dans sa façon d'être. Il pouvait parcourir des yeux les vitrines, un léger sourire aux lèvres figé sur son visage.

Il se surprenait à penser qu'il avait été bien mieux étant humain. Il ne se souciait que de son bien être avec celui de sa petite famille. Ce bien être qui avait fini par le tuer d'ailleurs. Bien trop confiant... Et malgré que l'on aurait pu penser qu'il avait appris la leçon... Rien n'y faisait. Patrick pouvait se montrer téméraire quand l'envie l'en prenait. Mais c'était dans sa nature... Bien que beaucoup plus sage que durant sa vie. Il se cachait derrière un masque d'infantilité, mais très peu connaissait son vrai visage. Celui de l'homme qui a vu sa vie devenir un enfers en l'espace de quelques minutes et qui l'a aussitôt perdu après ca.

Il s'était arrêté devant cette vitrine de vêtements. Il la fixait. Non, il ne regardait pas vraiment ce qu'elle contenait. Il était plutôt... ailleurs. Oui. Jusqu'à ce qu'une bousculade vint à lui faire reprendre conscience de l'endroit où il se trouvait et qu'un liquide chaud vint à le frapper contre son torse. Patrick eut un mouvement de recul et presque digne d'un grand danseur quand l'impact se produisit. Il releva les yeux vers l'homme qui venait de le frapper de pleins fouet. Toute personne susceptible aurait déjà envoyé des injures contre le maladroit. Patrick, lui, se contenta de la surprise.

Shut up and let me go by The ting tings

Il se promenait juste, dans cette foule de gens qui grouillaient comme dans une fourmilière. Tout le monde est si pressé de nos jours, si bien que la plupart des gens en oubliait de vivre. Notre ange gardien avait un nouveau regard là-dessus, car avant, oui, il faisait parti de la masse. Mourir lui a fait ouvrir les yeux en quelque sorte. La mort n'avait pas aidé certains... Toujours autant à se grouiller quand il s'agissait de répondre aux attentes des Fondateurs. Patrick aimait les faire poireauter un peu de son côté. Relax ! C'est pas la mort ! Enfin si... dans un certain sens... Quoi qu'il en soit, notre être de lumière avait besoin de ces temps là pour lui. L'observation pouvait devenir enrichissante. Bien plus qu'on ne pouvait le penser. Pourquoi s'était il arrêté devant cette vitrine ? Il ne savait pas, et il se fichait de la mode. Surement pour constater la tendance de cette saison. Vous riez mais c'est important de le savoir en tant qu'observateur. Savoir si une personne faisait attention ou non à son apparence, jusqu'à aller varier les couleurs de saison et la tendance. On peut en savoir sur une personne juste par son allure vestimentaire.

Il eut la bousculade et Patrick eut un sursaut face à la température du liquide. Qui ne l'aurait pas eu en fin de compte ? Patrick savait que certains citadins pouvaient se montrer agressif, et Patrick n'aimait vraiment pas ce genre de comportement. Surtout pour si peu. En plus, c'est bien lui qui se retrouvait le maillot couvert de café, pas lui. Ha comment pouvait-on être aussi peu agréable et malhonnette qui plus est ? Ha oui, j'allais oublier: Patrick était ce genre d'homme qu'on en trouve rarement à notre époque. Vous n’endenterez presque jamais une grossièreté sortir de sa bouche ou alors c'est bien parce qu'il l'aura voulu.

Un sourire malin se dessina sur le visage de l'homme, alors qu'un léger froncement de sourcils, à peine perceptible, apparu. Il n'y allait pas de main morte sur son vocabulaire le bougre. Patrick n'aimait pas ca mais en même temps, il n'était pas celui qui aimait les bagarres. Au contraire... Plus loin il s'en trouvait de là, mieux c'était.

PATRICK - Du calme mon ami ! On ne va pas se disputer pour une histoire de café renversé quand même ?

Tenta-t-il de tempérer. Après tout, c'était vrai, pourquoi s'en faire pour une simple chose comme celle-ci.