« Messieurs dames, votre Pink sera fermé ce jeudi après-midi. Il rouvrira à vingt heures. Merci de votre compréhension. »
Il avait réglé cette enseigne électronique sur son bar la veille, après avoir prévenu tout son personnel. Tout ça pour quoi ? Pour un poulpe. Mais Jared était plutôt attentif envers ce poulpe. Il riait bien à ses côtés, que ce soit par ses discutions avec lui, mais surtout par ce qu’il percevait dans la tête de cette créature timbrée. Il y a quelques temps, notre sorcier flasha sur une sorcière provenant d’une lignée de curés. Il la dragua, ils flirtèrent et, deux jours après parce qu’elle était prude, ils finirent au lit. Et là, il eut une crise de folie. Comme il en avait parfois avec une compagne. Dans son rôle de séducteur, il était le plus délicat des hommes. C’est donc avec une grande délicatesse qu’il décida de l’étreindre mortellement après leur nuit de folie. Il avait envie de violence, il avait envie de la tuer, d’assouvir une pulsion meurtrière pour se rappeler à lui-même qu’il était tordu, probablement. Peut-être la lignée religieuse de cette femme avait aidé à sa folie, car il avait tendance à ne pas trop apprécier toute chose se rapprochant de ces pseudos anges qu’étaient les être des lumières. Il la tua, parce qu’elle ne représentait rien d’autre pour lui qu’un défi de plus qu’il avait relevé, et qu’il ne voulait pas avoir sur les pattes une fois qu’il sera rentré chez lui. « Pourquoi t’es parti ? Pourquoi tu m’as pas rappelé ? Pourquoi tu réponds pas ? » il avait déjà créé son propre petit scénario cauchemardesque et, plutôt que d’affronter une énième fois ce genre de situation, il la serra si fort contre lui que même réveillée, elle ne put se libérer et en périt. Il l’avait empêché d’utiliser ses pouvoirs, aussi. Il devait avouer que serrer aussi fort une femme nu dans ses bras pour la tuer l’avait fort excité, et il était plus en forme que jamais ensuite !

La nuit où il la tua, c’était chez elle. Et elle vivait au port de San Francisco. Sa maison familiale dont l’héritage se faisait de père en fils avait une magnifique vue sur la mer. Et c’est en prenant tranquillement son café peu de temps après le meurtre, et en profitant de cette magnifique vue, qu’il vit un colosse tentacule sortir de l’eau à quatre heures du matin. Jared avait craché son café sous la surprise avant d’ouvrir la fenêtre et de héler la bêbête qui lui était apparue. Logique. Vous voyez un monstre apparaître alors forcément, vous l’interpellez pour lui demander si ça va. Il apprit par des paroles comme par des pensées qu’il venait de détruire celle qui maintenait Kraken – puisque tel était son nom – dans sa prison magique. Oups. Afin d’en rajouter une couche, il se vanta de son combat auprès de l’homme pieuvre en lui racontant en détail son désir de libérer ce grand maître qu’était Kraken lorsqu’il transperça le cœur de cette gardienne d’une lame en argent ! Pendant ce temps, son clone poignardait le cadavre de sa victime sur la gauche de sa poitrine pour donner un peu de véracité à ses propos. En guise d’offrande et pour encore plus flatter Kraken, Jared lui offrit même le corps de la vilaine méchante ! Ces gestes attentionnés durent faire très plaisir au monstre après tant d’année d’isolement, puisqu’il demanda à Jared si ce dernier voulait être sa reine. Non merci. Le strip-teaseur déclina très poliment cette offre et, afin d’échapper à un bisou tentaculeux qu’il craignait recevoir, il lui promit de lui en trouver une. Pour être tout à fait franc, c’était un peu des paroles en l’air. Il était persuadé que la créature marine allait s’en aller et l’oublier. Il s’était complètement trompé.

Jared dut se mettre à lui présenter de temps à autres une personne choisie un peu au hasard, juste pour montrer à son ami qu’il ne l’avait pas oublié. Du moins, il lui amenait sur un plateau d’argent des potentielles victimes en lui disant « Une entrée, avant que je te trouve le plat qui sera pour toi le plus délicieux au monde ! » L’entraîneur se plaisait à faire ça. Et puis avoir pour ami un gros et vieux démon sacrément coriace, il trouvait ça cool ! Il s’amusait des tortures que Kraken lui racontait. Parfois, il lui donnait presque l’envie d’avoir des tentacules, lui aussi ! Au bout d’un moment, et pour que Kraken ne croit pas qu’il se moquait de lui, il lui organisa un rencard. Un vrai. Avec une de ces bizarreries démoniaques sans queue ni tête mais qui, forcément, devait plaire au poulpe ! Au moins avoir bon goût sous la dent. Pour faire venir le feu-follet dans son bar, il s’adressa à sa grande sœur. C’est Enora Paper qui se chargea du reste (parce que je tiens pas trop à ce que mes persos interagissent entre eux.) Il resta au début de l’après-midi pour s’assurer au moins que les deux protagonistes étaient là, et qu’ils ne foutraient pas trop le bordel dans SON bar. Tandis que Jethro était déjà en train de jongler avec des verres à l’intérieur (ça s’entendait au bruit de vaisselles cassées qui retentissait régulièrement), il vit Kraken arriver, vêtu de son plus beau costume de séducteur. Et surtout d’un visage humain, ce qui selon Jared l’aidera largement à conquérir n’importe qui. Le sorcier vint à sa rencontre en quelques pas puis commença à tripatouiller le costume de l’autre. Ça pouvait donner l’impression d’un ami qui dépoussiérait et arrangeait l’homme pieuvre pour être certain qu’il plaira, un geste machinal, affectueux et banal. La vérité, c’est que Jared examinait surtout ces vêtements et se demandait avec amusement à quelle époque ce type était allé les prendre.

« Ben t’es tout beau comme ça, majesté ! » le complimenta-t-il en tournant autour pour le regarder de haut en bas. Kraken avait quand même de la chance que ce genre d’habit vieux de plusieurs siècles ne paraisse pas ridicule sur lui. Le sportif glissa les clés du bar dans l’une des poches de son interlocuteur en revenant face à lui. Il entama le break. « Bon tu évites de tout casser dedans. J’veux pas trop de dégâts, j’aimerais retrouver mon bar ce soir à dix-huit heures trente pour réparer les conneries que l’autre a déjà commencé à faire. Si t’as envie de sortir j’ai pris un yacht. ‘Fin la propriétaire est morte donc voilà les clés. Que dire d’autre… Ah, oui, tiens. » Il sortit des lunettes de soleil de sa poche qu’il tendit à Kraken. Pourquoi ? Mystère ! « T’en auras ptête besoin, tu comprendras pourquoi. Bon alors, tes impressions, comment tu te sens ? »
Et il termina ses propos par un grand sourire fraternel.

Comment s'habiller à une rencontre amoureuse, fût-elle arrangée par un ami ? Pour Kraken, la réponse était simple : il fallait s'habiller en roi ! Après tout, notre seigneur des ténèbres plus ou moins autoproclamé, dans le sens que son royaume des ténèbres n'existaient plus que dans son souvenir depuis belle lurette et qu'il n'était plus que le seigneur de rien du tout, se cherchait une nouvelle reine des ténèbres. Enfin, la réponse n'était pas si simple que cela. Comment, en cette époque, étaient supposés s'habiller les rois ? Kraken peina à trouver une réponse satisfaisante pour finalement s'habiller comme un prince charmant dans l'imagination des costumiers d'Hollywood et des magasins de déguisements de San Francisco.

Ce fut à cheval qu'arriva Kraken, donnant les rênes de sa monture à Jared qui l'accueillit sur les lieux du rendez-vous que ce dernier avait arrangé. Le sorcier était un bon ami de Kraken. C'était un jeune homme délicieux et incroyablement dévoué à autrui, alors qu'aurait pu faire d'autre le monstre tentaculaire que de lui offrir son amitié ? Ne serait-ce que parce que ce dernier l'avait délivré de sa prison ! Mais ce n'était pas tout, Jared se sentait tellement coupable de ne pouvoir s'occuper lui-même du tentacule du démon qu'il lui avait promis de l'aider à trouver la perle rare qui saurait s'y prendre avec amour. C'était cette image de personne charitable et généreuse que le jeune sorcier renvoyait au démon. Et évidemment, Jared était là pour l'accueillir comme il se devait au Pink Paradise.

Kraken se retrouva avec une paire de lunettes de soleil dans la poche et quelques conseils/instructions de son ami qui n'étaient plus rentré dans une oreille pour ressortir de l'autre qu'autre chose. Il faut dire que Kraken avait quand même l'esprit préoccupé par son rendez-vous galant. Il se demandait comment serait sa reine ? Blonde, brune ou rousse ? Grande, moyenne ou petite ? Avec ou sans ketchup ? En tout cas, elle avait intérêt à être belle ! Kraken avait des goûts variés, mais il n'aimait que les jolies créatures humaines. Et s'il avait une appréhension, c'était celle de la grande révélation : sa monstruosité tentaculaire. Mais Kraken avait pris le parti de la laisser pour plus tard et de se présenter avec son apparence de prince charmant tout à fait humain.

Quand Jared demanda à Kraken comment il se sentait, il lui dit la première chose qui lui traversa l'esprit : "J'ai faim !" Puis, il enchaîna sur quelque chose de plus à propos. "Tu crois que ça va lui plaire ?" demandait-il à propos du machin qu'il tenait dans la main. C'était une composition non pas florale mais de têtes. De jolies têtes humaines et têtes de chatons fraîchement tranchées et arrangées par les soins tentaculaires de Kraken. Celui-ci était persuadé que ça plaisait aux demoiselles de bon goût, car son ex-reine des ténèbres doublée d'une sorcière maléfique en était friand et Kraken avait pris l'habitude de lui en offrir comme si c'était normal. Ce n'était pas comme si ça le dérangeait non plus de couper des têtes.

Voilà, il était prêt à courtiser !

Un cheval, qu’est-ce qu’il allait en faire ? L’homme ira l’attacher quelque part non loin. Les gens allaient se poser d’étranges questions à la vue de cet animal gardant le bar fermé. Parce qu’il ne s’agissait pas d’un saloon composé d’un abreuvoir devant l’entrée ! Le problème du futur steak résolu, Jared espéra que ses paroles dans le vent n’aient pas l’effet inverse lorsqu’il reviendra. C’est qu’il y tenait à son Pink, depuis le temps, et il ne voulait pas avoir à se justifier s’il y avait trop dégâts. Que pourra-t-il dire à ses employés ? Il avait déjà dû donner l’excuse bidon d’une conférence pour les plus curieux d’entre eux, et il n’avait pas à s’expliquer davantage. C’est que la vérité n’aurait pas été entendue d’une très bonne oreille. « Je ferme pour qu’un poulpe puisse draguer un crétin. » Il y avait de meilleures excuses et il n’aurait pas été cru de toute manière. Bref ! Il décida de laisser le sort de son très précieux bar entre les tentacules de son ami gluant, se disant qu’au nom de leur pentade à cinq poules il saura respecter ce bien onéreux.

« J'ai faim ! Tu crois que ça va lui plaire ? »

Il répondit un « bien entendu » très enthousiaste avant de se retourner pour accrocher la monture de mÔnseigneur sur des portes vélos. Les portes vélos d’un magasin à côté, car le Pink ne possédait qu’un vaste parking pour ses clients. C’est seulement après qu’il jeta un coup d’œil sur ce pourquoi il avait répondu positivement. Il le fixa durant quelques secondes, mi-étonné mi-blasé. Le strip-teaseur se félicitait de ne pas avoir ramené ici une femme dite ‘normale’. Avec un peu de chance, ça plairait à la personne à l’intérieur du bar. Il n’en savait rien et il espérait avoir trouvé assez timbré pour qu’ils se plaisent tous les deux. Il connaissait les goûts de Kraken, mais il ne connaissait rien du caractère du machin qu’il y’avait ici. Bon. Il jugea ne plus avoir rien à faire ici.

« Et surtout évitez les cochonneries dans mon bureau, je vais pas réussir à évacuer les odeurs après ! »

Inutile de préciser qu’il parlait notamment de l’odeur de Kraken, qu’il n’appréciait pas particulièrement. Tout comme 99% de la population d’ailleurs. L’homme lâcha un rapide ‘bon courage’ à son ami puis il se téléporta en soupirant. Il craignait que l’homme poulpe prenne ce qu’il venait de demander par ‘Allez baiser dans mon bureau, je vous y encourage !’. Mais Kraken était un romantique, peut-être aura-t-il le temps d’amener sa compagne ailleurs s’il y avait quelque chose de plus charnel entre eux. Jared se téléporta ailleurs, revint quelques secondes pour annoncer à son ami que si ce dernier avait besoin de quoique ce soit, qu’il n’hésite pas à faire appel à lui, puis il disparût à nouveau. Son programme était chargé aujourd’hui, car il avait prévu d’aller mettre un peu de pagaille dans une forêt lors d’une partie de paint-ball. Il comptait y participer, et ajouter aux balles de nombreux coups bien placés pour mettre tous les autres participants K.O, leur voler leurs armes, se cloner, et terroriser tous les joueurs de cette partie en les poursuivant jusqu’en enfer s’il le fallait ! Ses petits jeux enfantins lui plaisaient vraiment beaucoup.

[Le post le plus minable que j’ai jamais fait. Vraiment désolé. xD]

« Hep, Paper, reviens par ici ! Tu ne comptes pas sortir comme ça ? »
Ben… si. Il avait mis un bermuda parce qu’il avait chaud et parce qu’il aimait bien être à l’aise. Et il avait enfilé son T-shirt préféré : celui qui mettait en scène le lapin crétin Chuck Norris avec sa ventouse. Quel mal y avait-il à se vêtir de ce qu’il aimait ? Enora ne l’entendit pas de cette manière. Elle lui ordonna de se déshabiller, partit dans la chambre, puis revint avec des habits si étranges et si neufs que le feu-follet se demanda d’où ils sortaient. Tout en habillant son frère, elle lui réexpliqua les consignes une énième fois.
« Tu ne te décrotte pas le nez une fois face à lui. Et encore moins tu ne les mange pas ! Pas de rire strident et ridicule, tu ne le mords pas, tu ne lui fait pas le coup du doigt dans l’œil et par pitié ne lui parle pas des lapins crétins. Non Jey, tu n’emportes pas d’organe avec toi. Lève le bras. S’il t’invite à dîner, tu ne lui lance pas de la nourriture dessus. S’il t’offre des fleurs, elles ne sont pas comestibles.
J’en fais quoi alors ?
Tu le remercie, tu les renifle, tu fais semblant d’apprécier et tu les garde avec toi. Pour une dernière fois Jey les fleurs ne se mangent pas. Bouge pas. »
Elle noua la cravate autour du cou de l’homme puis étala un peu de gel dans ses cheveux. Lui, il se laissait sagement faire. Il était tout excité mais dans sa tête, il allait rencontrer un nouveau copain de jeu. Il ne voyait donc pas pourquoi sa grande sœur faisait tout ce cinéma avec lui !
« Je peux emmener Gali ? »
Elle refusa. Gali était l’alligator que l’homme élevait dans leur jardin depuis qu’il l’avait ramené d’une excursion en marécage. Enora le tolérait dans l’hypothèse où, un jour, il se pouvait qu’elle en ait besoin pour sa cuisine. La cuisine d’Enora, du grand n’importe quoi ! Elle voulut le parfumer mais il se cacha derrière le canapé du salon. Il n’aimait pas trop les choses qui sentaient bons, ça lui piquait le nez et il avait le mal du pays, lui qui avait été élevé dans un marais. Elle abandonna l’idée puis le coiffa encore un peu avant d’annoncer que cette fois, il pouvait se rendre à son rendez-vous. Jethro qui avait un rendez-vous, c’était une chose exceptionnelle. Ce type était tellement insupportable et immature qu’il ne connaissait pas la définition du mot rencard. En traversant le couloir de l’étage il croisa Ella, sa sœur jumelle. Celle-ci lui conseilla de pailleter son rendez-vous. Elle versa un peu de paillettes dans ses cheveux et lui donna une petite boîte pleines de paillettes qu’il glissa dans sa veste, certain qu’elle avait raison. Sa sœur était totalement folle des paillettes. En descendant les escaliers, Laura l’interpella. Mais là, c’était pour l’engueuler pour avoir rentré une araignée morte dans son mascara. Lorsqu’il sortit de la maison Paper, il tomba nez à nez avec l’aîné.
« Un rencard, toi ? Atteeends t’obtiendra jamais rien là ! »
Joray déboutonna le premier puis le deuxième bouton de la chemise de son frère. Il ouvrit la veste de ce dernier, froissa un peu le tissu en dessous. « S’il regarde ta chemise tu bombes le torse, et tu lui demande s’il veut toucher ! » il fut interrompu par la voix d’Enora dont la tête venait de surgir de la fenêtre de l’étage. Joray rentra alors précipitamment sans demander son reste.
« Et ne foire pas tout ! » l’encouragea une dernière fois la grande sœur avant de laisser ce pauvre Jethro seul avec lui-même. Et il partit pour le Pink.

Ce n’est qu’une fois devant qu’il se demanda vaguement ce qu’il fichait ici. Jamais personne ne lui avait organisé de rencontre. Du moins, sa grande sœur n’avait jamais réussi. Un mec à l’entrée le fit rentrer, et il rentra. Il était le premier arrivé apparemment, alors il commença par se balader. Il espérait que son rencard ne soit pas trop long car Jethro était plutôt d’un naturel impatient. Et lorsqu’il s’ennuyait, l’homme faisait les pires conneries qui existaient. Cet hyperactif luttait nuit et jour contre l’ennui. Ses farces préparées à l’avance étaient plus abordables que celles qu’il improvisait pour ne pas s’embêter, car dans cette deuxième condition, il ne réfléchissait jamais aux conséquences de ses actes. C’est la raison pour laquelle maintenant, assis sur le comptoir, il jonglait avec des verres propres qu’il avait pioché non loin. Il faut savoir que le feu-follet avait une vision extrêmement mauvaise. (Et qu’il ignore à quoi servent les lunettes, il croit que c’est pour avoir l’air intelligent.) À cause de la lumière qui irradie de lui lorsqu’il est dans son état originel, il possède une vue relativement basse pour résister à ses lueurs. Il ne s’éblouissait pas, mais en contrepartie se prenait des murs ou des vitres lorsqu’il flottait en petite boule. Surtout les vitres, il ne les voyait généralement pas à moins qu’elles ne soient trop sales. Alors des verres qu’il lançait, il avait bien du mal à les garder dans son champ de vision et voyait la vaisselle tomber une à une. Mais c’est drôle, lorsque le verre s’explose par terre, ça fait du bruit et il aime bien ça ! Jethro en prit un dans ses mains puis se posa au niveau de la pièce. Il lança le verre le plus haut possible et le plus loin avant de se transformer, de filer au bout et d’essayer de le rattraper. Il n’y parvint pas, évidemment. C’est pourquoi il réessaya, se croyant vraiment brillant car ainsi, il n’abimait pas son costume ! Dans son nouveau jeu, la porte se fit entendre et il s’interrompit.

Un drôle de bonhomme que celui qui venait d’apparaître là. Le feu-follet pencha la tête pour l’observer de haut en bas, se demandant qui c’est. Il n’était pas mal à l’aise, juste silencieux, dans sa période d’étude de cet individu. Le petit malin s’approcha timidement, ne sachant pas s’il avait affaire à un toutou qui mord ou à un de ces gentils monsieur qui donnent des bonbons. Il posa le verre qu’il avait dans la main sur la table. Son regard se posa sur le bouquet de tête qu’il aperçut dans les mains de cet interlocuteur. La vue de ces horreurs ne lui fit ni chaud ni froid mais il se demanda avec inquiétude si ce collectionneur n’avait pas l’intention de rajouter un nouveau trophée à son bouquet.

« Si tu veux me couper la tête, ben je mangerais toutes les autres ! » menaça-t-il d’une petite voix pour sa défense.

La destruction était quelque chose qui plaisait à Kraken. Une fois, il y a très longtemps, un jeudi pour être exact, il avait essayé de détruire le monde. Il s'était réuni avec deux potes démoniaques et avaient tâché tous les trois d'invoquer une grosse comète et de la faire s'écraser sur la planète bleue. On ne serait évidemment plus là pour en parler s'ils en avaient été capable. Malgré toute leur bonne volonté, ils n'en avaient pas la puissance magique et ne réussirent qu'à invoquer des courgettes qui leur tombèrent sur la tête. Et il avait fallu que l'un d'eux fût allergique aux courgettes ! En fin de compte, en voulant détruire le monde, ils n'avaient réussi qu'à vaincre l'un des leurs. Kraken se fit la réflexion que la prochaine fois, ils n'auraient qu'à s'y mettre à cinq, mais il n'en eut pas l'occasion depuis lors.

Détruire était donc un loisir qu'aimait pratiquer notre démon poulpe, il ne fallait pas en douter. Mais il savait très bien se tenir tranquille et ne passait pas non plus tout son temps à semer ruine et désolation, c'était un démon raisonnable, de son point de vue en tout cas, qui comprenait qu'il ne fallait pas toujours tout casser. Pour ce faire, c'était très simple, il lui suffisait juste de résister à ses pulsions les plus naturelles. Par exemple, quand Jared lui fit une remarque désagréable sur son odeur, il ne céda pas à l'envie de lui manger la tête et de le violer, dans cet ordre. Bénéfices : il préservait son amitié avec le sorcier et ne ruinait pas son rendez-vous galant avec sa potentielle future reine des ténèbres. Il n'en était donc pas frustré et put sourire poliment à son ami.

Ainsi, Kraken était familier des concept de destruction et de non-destruction. Il ne comptait pas abîmer le Pink Paradise puisque cette bâtisse appartenait à l'un de ses amis et que ce dernier avait clairement exprimé qu'il tenait à ce qu'on ne lui ruinât pas son commerce. A Rome, fais comme les Romains : Kraken se sentirait assez vexé que l'un de ses invités vînt chez lui sans au moins casser un petit meuble ou blesser l'œil du voisin, mais il savait que tous n'avaient pas le même sens de l'hospitalité que lui et Jared avaient bien le droit d'imposer toutes les règles qu'il désirait, fussent-elles insolites, comme ne pas casser le mobilier, parce que c'était chez lui, Kraken le conceptualisait très bien. Cela dit, quand c'était les autres qui cassaient la vaisselles, ça ne l'empêchait pas de s'en réjouir !

En effet, quand il arriva à l'intérieur du Pink Paradise, après avoir fait la bise à Jared (parce qu'il pensait que c'était l'usage), il découvrit son rendez-vous en train de jeter les verres. Oui, Kraken le vit simplement les jeter, n'ayant pas du tout capté que le but que le jongleur s'était fixé était de les rattraper, car ça ne se voyait pas du tout !
Il trouva cela charmant. D'ailleurs, quand il le vit de plus prêt, Kraken le trouva tout aussi charmant que ses jongleries. Il le toisa de haut en bas, puis de haut en bas, et lui sourit : toi tu vas passer à la casserole disait son sourire. Néanmoins, il restait encore à déterminer s'il allait l'abîmer ou pas, autrement dit s'il pouvait faire une reine des ténèbres potentielles ou, dans le cas contraire, s'il pouvait au moins s'en faire un goûter.

Kraken était donc sous le charme de son rendez-vous galant et cela commençait ainsi plutôt bien. Il est peut-être temps de préciser que cela ne le dérangeait pas du tout que sa reine des ténèbres fût un individu de sexe masculin, il était ouvert sur la question, même si c'était tellement ancré dans son esprit que sa moitié s'appelait une reine des ténèbres qu'il n'arrivait pas à viriliser le concept, et rien ne l'empêcherait donc de considérer cet homme comme sa reine s'il en décidait ainsi ! Son rendez-vous et lui s'étaient donc mutuellement rapprochés l'un de l'autre et l'individu sembla s'inquiéter du sort de sa tête. Il ne lui répondit pas parce qu'il ne voyait pas quoi répondre à ça et tenta de dissiper le malentendu en lui tendant le bouquet de têtes : "C'est pour vous... De magnifiques têtes pour une magnifique fleur !" lui dit-il calmement en tâchant de lui offrir en prime son sourire le plus charmeur.

Même si le déguisement de cet individu était fort intriguant, Jethro ne pouvait décrocher son regard du visage humain qu’il avait en face de lui. Il s’était approché mais pas trop. L’autre aussi avait avancé et c’est ce qui avait freiné le pitre. Le feu-follet se sentait comme un petit rongeur qui vient curieusement observer cette grosse bête, mais qui détale dès que cette dernière l’aperçoit. Il ne prenait pas la fuite mais c’est la prudence qui l’empêcha d’aller voir de plus près le joli sourire qui lui était accordé à lui, et à lui seul. Car mine de rien, ce n’était pas souvent qu’on lui offrait un air aussi jovial et attentionné. D’ordinaire, sa présence provoquait plutôt un air colérique, blasé, agacé. Seule sa famille lui offrait l’amour et la joie dont il avait réellement besoin. Pour reprendre l’allusion des rongeurs, il suffisait parfois de donner un peu de nourriture pour instaurer une part de confiance. C’est ce qui arriva ici, lorsque le rendez-vous tendit les têtes qu’il tenait dans sa main en les lui offrant, avec un compliment en prime. Jethro ne voyait pas trop pourquoi on le comparait à une fleur. Il n’en fut pas du tout flatté car selon lui, les plantes étaient inertes, débiles et pas toujours très comestibles. Et si ça se trouve, l’autre parlait des mauvaises herbes ! Il ne connaissait pas bien les métaphores qui subsistaient sur les fleurs. De toute façon, c’est le bouquet de chair qui attira vraisemblablement son attention. Pour lui, rien que pour lui ? Il fit la moue. Pas de grimace, pas de dégoût, il se tortilla une demi-seconde comme un enfant sur un air tristounet et qui voulait dire « C’est vraiment pour moi, vrai de vrai ? » Il faisait son timide ! Mais il ignorait si une autre personne que sa famille lui avait déjà offert quelque chose. Alors il était ému, mine de rien. Kraken venait de gravir un millier de points par cette simple attention.

Le chirurgien murmura un timide merci en prenant les têtes. Il lança un regard embarrassé à Kraken pour regarder quelques secondes l’étrange sourire de ce dernier, avant de poser son attention sur le bouquet qu’il tenait. Enora lui avait dit comment réagir si on lui offrait des fleurs, si on lui offrait des chocolats, mais des têtes, ça, elle n’avait rien dit dessus ! Il ne savait donc pas comment réagir. Devait-il les renifler ou bien les manger ? Il préférait la deuxième solution car il serait alors moins encombré. Bon, il allait donc abandonné tous les conseils qu’on lui avait donnés pour se concentrer uniquement sur ce qu’il avait envie. Il commença à tripatouiller l’intérieur du bouquet pour en extirper la tête d’une femme. C’était sans compter sur sa maladresse qui fit tomber d’autres têtes au sol dans un bruit sourd. « Oups » lâcha-t-il avant de tout ramasser et remettre dans le plastique. Bon, il y touchera plus tard alors, lui qui se serait bien vu jouer avec un œil.

« On m’a dit, » commença-t-il non pas pour faire la conversation mais plutôt pour satisfaire sa curiosité, « que t’étais plus vieux que tous les gens ici ! C’est fort comment un tyrannosaure ? »
Et il plongea ses grands yeux dans ceux de son interlocuteur. Il s’imaginait que ce dernier avait vécu à l’époque des dinosaures. En fait, il s’imaginait que ces derniers n’étaient pas si vieux que ça. Quelques siècles, probablement. Il était certains qu’ils étaient arrivés et repartis avant sa naissance en tout cas ! Quel dommage, car il aurait beaucoup aimé connaître ces grosses bêtes dangereuses et pleines de crocs. Il avait même songé à en adopter un ! Quelle que soit la réponse donnée, il ne l’écouta que vaguement. Car il avait déjà une autre question en tête ! Il s’approcha un peu plus près – maintenant qu’il avait eu son cadeau, il était amadoué ! – et commença à tourner autour de son rencard pour l’examiner de haut en bas. « Et on m’a dit aussi que t’étais un super méchant ! » rajouta-t-il, semblant chercher quelque chose, « T’as pas de cornes ? »

Les choses étaient claires pour lui. Tous les plus vilains étaient des démons dotés de cornes ou bien d’un physique peu avantageux au goût des humains. Jethro le trouvait plutôt normal. Quoiqu’il se demandait pas mal de choses sur le regard de son nouvel ami. Par exemple, pourquoi ce regard semblait-il si profond. Pourquoi Kraken était aussi gentil, pourquoi Paper avait du mal à se décrocher. Il était pris d’un étrange malaise dû à une sensation qu’il n’arrivait pas à reconnaître. Il mourrait d’envie de toucher ce type pour voir s’il était bien réel, en chair et en os. Jethro ne put s’en empêcher et il appuya son index sur le bras de son interlocuteur. C’est fou comme il semblait humain et vrai ! D’ordinaire l’homme ne s’intéressait pas à une personne dès le début. Là, il avait envie de lui poser mille et une questions sans aucun sens, de savoir pourquoi ci et pourquoi ça, mais surtout pourquoi est-ce qu’il se comportait comme un garçon timide alors qu’il était d’un naturel sans gêne !

Le bouquet de têtes qu'avait offert Kraken à son rendez-vous galant avait fait son petit effet. Le clown avait laissé place à un jeune homme intimidé qui l'avait remercié en murmurant d'une petite voix. Le démon trouvait cela fort mignon et était attendri par l'air enfantin de son interlocuteur. Son ancienne reine des ténèbres n'avait pas ce genre de réaction quand Kraken lui offrait les mêmes présents, elle était plutôt du genre à lui offrir un sourire sulfureux et un regard qui lui promettait qu'elle allait bien s'occuper de ses tentacules, mais ce n'était un pas un mal si cette potentielle nouvelle reine n'était pas comme l'ancienne, au moins elle ne souffrirait pas de la comparaison ; et ce d'autant plus que ses airs de pucelles ne laissaient pas indifférent notre vieux poulpe qui avait bien envie de lui apprendre la vie.

Après avoir un peu joué avec les têtes puis cessé parce qu'il ne semblait pas vraiment comment savoir s'y prendre pour les apprécier, le galant se mit à poser des questions à Kraken à propos de ce dernier. A priori, on lui avait un peu parlé de lui mais sans faire mention de sa forme tentaculaire, c'était du moins ce que le principal concerné en avait déduit. Il ne désirait d'ailleurs pas en faire la démonstration tout de suite. Il avait l'impression que pour être accepté à part entière il devait d'abord séduire avec sa part anthropomorphe ; tout simplement parce que c'était ainsi que cela s'était produit avec Grimhild qui était tombé sous son charme humain avant la grande révélation et Kraken ne voyait pas pourquoi il changerait une formule qui avait déjà pu faire ses preuves, alors que montrer sa forme tentaculaire autrement n'avait jamais produit d'étincelle romantique.

De son côté, Kraken ne savait pas grand chose de son galant. Il ignorait tout de son identité, de sa nature ou de son histoire. A priori, c'était un humain, peut-être même un mortel, et voilà tout ce qu'il arrivait à lui trouver, ce qui, nous le savons, n'était pas vrai. En revanche, il n'avait pas besoin de savoir son nom ou celui de l'espèce à laquelle il appartenait pour trouver qu'il était très mignon et tombé sous son charme. Il ne fallait pas chercher à comprendre pourquoi le terrible démon tentaculaire était attendri de la sorte, ce n'était même pas une question de physique, de cuisses musclés ou de cheveux gras, sinon il se contenterait d'avoir le slip tendu, là il était attendri (mais il avait quand même le slip tendu aussi), bref, c'était le coup de foudre !

Il sourit. Il ne savait pas ce qu'il était supposé répondre à propos de tyranomachins pour gagner des points et préférait orienter la conversation vers un terrain qu'il pensait mieux maîtriser. "Est-ce qu'on vous a dit si j'embrassais bien ?" demanda-t-il d'un ton innocent. Certes, d'aucuns trouveront que Kraken se précipitait un peu trop. Mais il était quand même là pour ça, et puis ce n'était pas un enfant de chœur, c'était un démon, on pouvait déjà s'estimer heureux qu'il n'est pas carrément demander "Est-ce que tu baises ?" voire lui ait sauté dessus pour le violer. Cela dit, on en était pas loin parce qu'il attrapa tendrement son galant aux bras et approcher ses lèvres de lui et y poser son sourire en fermant les yeux et, s'il y arrivait, en sortir non pas un tentacule, mais une simple langue humaine qui cherchait à rentrer dans la bouche du galant pour aller caresser la sienne.

Un type capable de faire un cadeau au fou-follet était quelqu’un passait du stade de l’intrigue à celui de l’exception aux yeux de ce dernier. Même s’il n’avait encore jamais reçu ce genre de présent qui aurait fait fuir n’importe quel mortel à sa place, il prenait cette flatterie pour un immense honneur, et c’est son affection qui débordait déjà en direction de Kraken. Il en fallait peu mais lunatique comme il est, il suffisait d’une seule blessure mentale de la part de cet inconnu pour que Jethro le considère comme le plus méchant des hommes. Par exemple une critique, une insulte, quelque chose qui le blesserait dans son amour propre et qui lui ferait bien plus de peine qu’il n’osera montrer. Tout ce qu’on avait dit sur cet individu, c’est qu’il s’agissait d’une créature vieille et mythique sortant tout droit des abysses marins. Et le feu-follet n’écouta pas le reste des indications, trop occupé à se demander ce qu’était une bisse, à s’imaginer faire de la bisse, à se vêtir d’une bisse ou encore à rebondir sur des centaines de bisses. Il en vint à la conclusion que le type qu’il allait rencontrer devait être sacrément cool !

Il l’observa. Cette personne affichait un regard plutôt doux et curieux. Et Jey se sentait tout drôle de faire face à une expression qui ne se rapprochait ni de la colère, ni de la haine, ni de la rivalité. Il s’en trouva presque gêné d’être fixé ainsi. Nul doute pour lui que c’était cette nouveauté qui le mettait mal à l’aise. Il ne se serait jamais douté que la cause résidait en l’interlocuteur lui-même, plutôt qu’en la situation. Le fait que la personne ne réponde pas à ses questions ne le vexa même pas. Il avait déjà oublié ce qu’il avait demandé, il s’apprêtait à poser les mille et une autres questions qui lui taraudaient l’esprit. Mais ce fut Kraken qui prit la parole, une seule fois, suffisant pour que l’autre se taise. Paper le regarda curieusement, penchant la tête sur le côté comme pour lui dire qu’il n’avait pas bien compris cette question. Moi y’en a pas parler ta langue, faillit-il dire. En fait si, il avait compris, mais ce n’était vraiment pas le genre d’interrogations auxquelles il était habitué ! Ha, oui, voilà, peut-être qu’on le prenait pour son frère ? Il fallait donc qu’il dise qu’il y avait erreur, et qu’il n’était pas ce gigolo de Joray. Trop tard, l’autre l’avait attrapé au bras et s’approchait !

Le feu-follet crut à une blague, que l’autre allait lui cracher des billes de peinture dans la figure. (Tordu mais lui-même l’a déjà fait.) Il s’apprêtait donc à mordre ce vilain farceur pour se défendre ! Au lieu de ça, il se tint totalement immobile, amadoué par l’air profond et non moqueur qu’arborait Kraken. Il n’avait pas la tête du type qui s’apprêtait à faire une connerie. Du moins, pas le genre de conneries auxquelles Jethro songerait. C’est un simple baiser qui s’échangea entre un poulpe bien expérimenté, et un feu-follet qui se souvenait que son premier baiser avait été échangé avec une lampe à bulles. Et il n’y a pas si longtemps de cela ! Voilà bien sept ou huit ans que son apparence humaine l’affolait à propos de quelques sensations tabous envers tel ou tel contexte. Il ne comprenait pas, il jugeait ça comme malsain puisque personne n’en parlait jamais, donc il résistait et passait outre ces bizarreries. Mais depuis peu, c’est son apparence de feu-follet qui s’était également mise à bourdonner un peu fort en voyant passer des lumières – ô combien sexy ! Et lorsqu’il se confia à son grand-frère, ce dernier lui offrit à son anniversaire une sorte d’objet lisse et long. Après s’en être servi plusieurs fois comme batte de baseball pour projeter des organes sur le mur de sa chambre, son aîné lui montra un bouton caché qui faisait vibrer l’outil ! Ce qui passionna surtout notre homme fut la lueur blanche qui éclairait le bout du machin bidule truc chouette – comme il l’appelle. Joray lui avait volontairement prit quelque chose qui faisait de la lumière pour que Jethro s’y intéresse, il attendait maintenant de voir quand est-ce que son petit frère comprendra à quoi ça sert.

Eh bien si Jethro était toujours trop con pour déduire la vraie utilité de son jouet, il remarqua en revanche très vite l’étrange conséquence de ce baiser échangé avec un parfait inconnu. Lui qui était toujours le premier à dire aux couples « Ils s’embrassent par là où ils mangent, BEEUUURK ! » il put affirmer que si ça lui paraissait soudainement moins crado, ça n’en était pas plus naturel ! Cause : Bisou sur la bouche. Effet : Désagréable pression sur l’entrejambe + froid partout sur le corps. Est-ce que cet homme était en train de l’empoisonner d’une gastro ? Il était trop intimidé pour se retirer. Peut-être qu’il avait peur d’être battu ? Lui, qui ne craignait soi-disant personne puisqu’il était un vrai PAPER ! En même temps, une grande part de curiosité lui murmurait qu’il pourrait bien attendre un peu et voir ce qui allait se passer, peut-être comprendrait-il… En tout cas, ça ne lui avait pas fait ça lorsqu’il a embrassé sa lampe ! (Lampe qui, soit dit en passant, se suicida de l’étage du manoir Paper lorsque la bulle à l’intérieur se divisa en deux parties. Forcément, l’homme avait cru que c’était un feu follet coincé dans une cage de verre et le voir se démembrer comme ça était traumatisant ! Il découvrit en plus que c’était de l’eau à l’intérieur – il ne l’avait pas vu à cause de sa vision défectueuse. Tout ça fait que depuis, il devient hystérique à chaque fois qu’il voit une lampe à bulles.)

Quelqu’un vint faire toc toc entre ses petites lèvres gercées. Coucou c’est moi ! S’imagina-t-il faire dire à la langue qui s’introduisait chez lui. C’était comme dans les films, ou plutôt comme dans la boite à images qui bougent, car à ce niveau il avait autant compris le fonctionnement d’une télévision que Kraken. Et ce con de Jethro crut à un jeu. Un jeu qui ne lui était vraiment pas déplaisant ! Une sorte de je vais t’attraper où le loup serait la langue de son compagnon. La sienne le fuyait donc malicieusement alors que le feu-follet réussissait quand-même à pouffer de rire durant leur baiser ! Du grand n’importe quoi. Concentré dans ses efforts de fuite, il ne retirait pas la bouche parce que sinon ce sera de la triche ! Il croyait que le but du jeu était d’esquiver cette langue avec la sienne, quitte à aller se réfugier sur les lèvres ou les dents de l’homme poulpe pour ne pas se faire attraper. Et ça, en revanche, ça ne lui paraissait absolument pas dégueulasse ! Il remuait son corps aussi, dans l’excitation. Au bout d’un moment, son bassin cogna contre celui de Kraken et il se stoppa net dans son jeu. Il recula la tête, lança un regard affolé à son partenaire et baissa les yeux. Il s’était fait mal ! Comment ? Sa bosse s’était pliée sous le coup ! Oui, cette bosse là. Il la regarda d’un air triste. Puis il releva les yeux vers Kraken l’air de dire « Qu’est-ce qui m’arrive ? » il tapotait la petite colline de son pantalon. Ce n’était pas la première fois mais d’habitude, il était tout seul et c’était la nuit ! Au soir ou au réveil. Mais là, il n’était pas tout seul, et il ne comprenait pas ce que ça voulait dire. Il ne fallait pas oublier que notre créature ne connaissait rien, et ne comprenait rien aux mœurs comme à la sexualité humaine.

« C’est toi qui a fait ça ? »

Ah, ça, le type que le feu follet était venu rencontrer était cool ! Super cool, même ! La coolitude incarnée ! C'était du moins l'avis du principal intéressé qui voulait être le démon le plus cool de l'univers. Généralement, il décidait de faire quelque chose si c'était cool. C'était cool d'avoir un poulpe comme oracle des ténèbres, c'était cool d'avoir une pédocriminelle comme musicienne des ténèbres, c'était cool d'avoir la double personnalité d'un type qui veut vous buter comme lieutenant des ténèbres, c'était cool d'avoir un strip teaseur pour meilleur pote des ténèbres, et ce serait cool d'avoir une reine des ténèbres pour le prendre dans ses bras quand il irait se coucher après une journée avoir fait plein de trucs cool. D'ailleurs, il était tellement cool qu'on l'avait cooler au fond des océans pendant des milliers d'années !

Ainsi, Kraken avait décidé que ce serait drôlement cool de mettre sa langue dans la bouche de son galant et d'y farfouiller un peu pour en mesurer le goût. Avait-il une haleine normale ou bien était-il du genre à négliger son hygiène dentaire, voire à mettre des trucs pas très ragoûtants dans la bouche ? Ca, nous le saurons peut-être dans le prochain post de l'œuf mollet, mais en attendant, on va partir du principe que Kraken y avait trouvé une saveur qui lui donnait envie de prolonger ce baiser et de jouer avec la langue hyperactive de son galant. Quoiqu'il en fût, c'était agréable de poser sa bouche sur la créature toute mignonne et bêta qui lui avait fait un effet déconcertant. Il en eut un frisson et cela n'augurait que du bon. Avait-il trouver sa reine des ténèbres ? Il commençait à y croire.

Kraken sentait l'agitation de son galant qui remuait de tout son corps entre les puissantes mains du démon qui lui tenait fermement les bras. Il était tenté de mener des investigations plus poussées à propos de sa reine des ténèbres potentielle et de parcourir son corps avec ses doigts, mais ladite potentielle orienta le débat vers d'autres horizons, pas forcément si éloignés que cela des premières intentions de Kraken. En effet, son galant avait une érection, ce qui était valorisant pour le poulpe, et ne semblait pas savoir ce que ça voulait dire. Kraken n'en fut pas plus décontenancé que cela, à croire qu'il s'était déjà retrouvé dans ce genre de situation, et sourit. "C'est parce qu'on se souffle dans la bouche alors ça gonfle nos tentacules comme des ballons !" dit-il d'un ton amusé, avant de prendre la main de son galant et de la poser sur son tentacule qui n'était pas moins dur que le sien.

"Moi aussi !" ajouta-t-il avec un air gai et une voix rassurante, voulant lui montrer qu'il n'y avait rien d'inquiétant et que c'était un phénomène rigolo dont on pouvait se réjouir. Ce qu'il comptait bien lui prouver ! Avec une autre pucelle, Kraken n'aurait pas forcément été aussi prévenant, au contraire, il se serait efforcé de la dégoûter des joies de la chair en lui laissant un souvenir désagréable, pour ne pas dire traumatisant, Kraken trouvant cela bien amusant. Mais pas avec celui-là, lui, il avait envie qu'il y trouve son compte. Laissant la main de ce dernier vérifier que l'entrejambe du vieux démon était elle aussi toute dure, Kraken se mit à tâter celle du galant avec ses doigts, tout doucement. "Aimez-vous jouer au ballon ?" demanda-t-il d'un ton faussement naïf.

Le petit œuf-mollet ne négligeait pas son hygiène dentaire. Non pas pour avoir bonne haleine, ça il s’en fichait, mais parce qu’il pouvait dévorer le dentifrice goût fraise pour enfants que sa sœur lui achetait. Il adorait ça, il adorait se goinfrer de ce produit et avoir de la mousse rose-blanche qui dégoulinait de la bouche jusqu’à le faire tousser et s’étouffer. Il faisait parfois peur aux gens dans la rue, qui croyaient être poursuivis par une victime de la rage. S’il était adepte du dentifrice, il n’était cependant pas friand des brosses à dents. Il possède en revanche quelque chose de super rigolo à l’hôpital, une sorte de gel au goût frais qui n’est pas censé être comestible mais que l’homme avale toujours. Ce gel nettoie les dents, comme les chewing-gums. Il est utilisé par ses collègues orthodontistes pour leurs patients et qui accusent ensuite les standardistes de perdre leurs précieux produits. Jethro vole tant de choses à l’hôpital et y goûte toujours pour voir à quoi ça peut bien servir. Cet indigne chirurgien avait une chance inouïe pour ne pas avoir encore attrapé de virus mortel.

D’après quelques dires lointains, la créature qui l’embrassait était un démon impitoyable, mauvais, criminel et destructeur. Ses victimes se plaignaient des pires atrocités à son sujet. Jethro s’en fichait bien mais se demandait s’il s’agissait bien du même type soit disant sanguinaire et qui pourtant se conduisait comme un parfait gentleman avec lui. Il est clair qu’à la moindre hostilité de la part de Kraken, le Paper cherchera à lui filer entre les pattes pour prendre la fuite. Cependant Jey mettra du temps à comprendre car il avait totalement baissé sa garde. Il jouait innocemment avec la langue de son partenaire en en fuyant le bout puisqu’il ne pouvait s’empêcher de toucher la base dans son jeu. Essaye donc de m’attraper, lui disait cette fougueuse petite coquine qui filait d’un coin à l’autre au rythme de son bassin qui exécutait les mêmes mouvements dans le jeu. Jusqu’au paf !

Le garçon s’était fait mal sur le moment mais ce n’était pas la douleur qui l’inquiétait sur le moment. Plutôt l’étrange conséquence d’on ne sait quoi, d’un virus parasitaire qui vivait dans son pantalon et qui lui donnait l’impression d’être vachement serré là-dedans. Une seule solution : Son kiki avait encore grandi d’un coup ! Il songea à aller à la piscine. Parce que lorsqu’il y allait, son tuyau rapetissait au contraire plutôt que de devenir tout dur comme un robinet. Et Jethro était plus rassuré alors, parce qu’on ne lui avait jamais dit ce que ça faisait lorsqu’une entrejambe se tenait droite toute seule. Il était certain d’être peut-être malade, ou bien qu’une malformation l’avait pris. Est-ce qu’il allait mourir ? Il n’osait déjà pas en parler à sa famille alors c’est un euphémisme que de dire qu’il était gêné d’offrir ce spectacle à l’homme pieuvre. Son malaise ne resta pas bien longtemps. Il semblerait que son partenaire ne soit pas du tout offusqué ni dégoûté de découvrir cette maladie.

« C'est parce qu'on se souffle dans la bouche alors ça gonfle nos tentacules comme des ballons ! »

Il commençait sérieusement à plaire au feu-follet, ne serait-ce que parce que ses paroles étaient criantes de vérité selon lui. Bien sûr, comment n’y avait-il pu y songer avant ? La logique ici était implacable, et l’angoisse chez Jethro retomba un peu. Il s’imagina quelques instants ce qui se serait passé s’il avait laissé l’autre lui souffler plus longtemps dans la bouche. Rassuré, il félicita le destin d’avoir arrêté leur baiser, parce qu’il ne voulait pas avoir le lance-pipi aussi gros qu’un ballon ! (Et ce type est chirurgien. ) Il découvrit dans sa main une dureté identique à la sienne. Ca alors, il avait déjà contaminé son partenaire ! Sur le coup, Jethro craignait que l’autre lui reproche de lui avoir refilé sa drôle de maladie. Il ne voulait pas se faire gronder, et encore moins par quelqu’un d’aussi cool que Kraken ! Le feu-follet en serait blessé maintenant qu’il l’appréciait autant. Il avait préparé son air triste et désolé, contrastant fortement avec la mine réjouie de l’autre individu.

En fait, cet homme semblait content de l’avoir toute dure, lui aussi ! Le Paper ne put s’empêcher que c’était cool qu’ils soient tous les deux comme ça ! S’il n’avait toujours pas compris à quoi c’était dû, il était bien rassuré de constater que Kraken semblait savoir ce qui leur arrivait, et le prenait aussi bien. Ça n’avait pas l’air bien grave, alors qu’est-ce que c’était ? Pendant que le feu-follet gardait l’engin de l’autre créature sous ses doigts, ce dernier s’était mis à tâter l’objet de ses soucis sans la moindre gêne. « Aie ! » Ne put-il s’empêcher d'exprimer avant de se rendre compte que la sensation qu’il venait de ressentir n’était pas de la douleur. C’était comme une décharge électrique causant plus de peur que de mal. Voire pas de mal du tout. La sensation bizarre d’une main qui touchait à son piquet le rendait tendu et terriblement curieux. Curieux d’en savoir plus, curieux de comprendre pourquoi c’était tout le bas de son dos qui se mettait en mode chair de poule.

« Avec toi, jouer au ballon a l’air beaucoup plus amusant. » répondit-il sur le même ton que son rendez-vous, mais en ne l’ayant sûrement pas compris de la même manière. Il ne tiltait pas sur le fait d’être vouvoyé, jamais. Lui-même n’avait pas ce réflexe et tutoyait n’importe qui. Il n’avait pas l’habitude qu’on lui dise vous, mais étant seul ici avec son rencard, il avait facilement compris que ce dernier ne s’adressait qu’à lui. Redevenu confiant grâce à l’assurance dont fait preuve Kraken, Jethro envoya sa seconde main rejoindre la première sur le pantalon de Kraken. Là, il essaya avec ses dix doigts d’entourer, après avoir bien tâté, le missile principal de son compagnon. Il voulait savoir comment c’était là-dedans, si c’était construit comme pour lui ou dans le cas contraire ce qui pouvait bien différer. Il voulait voir de quoi était fait son nouvel ami !
« Tu me laisse regarder ce qu’il y a dedans ? » demanda-t-il dans une parfaite innocence en espérant que l’autre lui dise oui pour qu’il ouvre ce pantalon et découvre la petite merveille qui se cache à l’intérieur et qui surpasse probablement la sienne. Il avait un tic depuis plusieurs secondes,celui d'un genou qui sursautait légèrement de temps à autre, probablement à cause de la sensation qu'il ressentait à son entrejambe. Sous la main de Kraken il souhaitait remuer mais, bizarrement, ce n'était pas dû à son hyper activité. Ça lui faisait des chatouillis , il allait se mettre à pouffer de rire si l'autre continuait !

Kraken n'avait pas de préférence concernant l'expérience de ses amants. Il savait tirer parti de ce qu'il avait sous le tentacule. S'il pouvait évidemment profiter de l'expertise des plus compétents, il ne s'ennuyait pas lorsqu'il tombait sur des personnes moins instruites en la matière. Selon son humeur, il pouvait même avoir une préférence pour ces derniers. Quoi de mieux qu'une pucelle pour assouvir ses penchants sadiques ? Il y eut même une époque, lorsqu'il était roi d'un royaume bien tangible, où il exigeait de ses sujets le sacrifices de fraîches vierges, qui lui étaient livrées en échange de sa clémence. Il aimait d'ailleurs faire savoir que le sort de ces dernières était épouvantable afin de semer une atmosphère des moins conviviales au sein de son royaume.

Mais avec son galant, c'était complètement différent ! Il n'avait pas envie de jouer avec l'inexpérience de ce zigoto-là pour le dégoûter des plaisirs de la chair, au contraire, il avait décidé que ce celui-ci apprécierait cette matière. Après tout, s'il comptait en faire sa reine des ténèbres, il valait mieux pour Kraken le préparer à honorer ses devoirs conjugaux. Certes, il n'était pas dit encore qu'il en fît sa royale moitié mais le démon n'avait pas de mal à l'imaginer, il y avait quelque chose chez son galant qui le lui inspirait. Ainsi, le voilà qui voulait donc endosser le rôle d'initiateur, casquette qu'il n'avait que très peu endossé. Cela n'en restait pas moins rigolo ! Son galant était tellement naïf qu'il croyait n'importe quoi et Kraken était émoustillé par le fait de pouvoir jouer de l'innocence de ce monsieur ainsi.

Jouant chacun avec la virilité de l'autre, Kraken avait su inspiré à son rendez-vous la curiosité d'aller voir ce qui se cachait dans son pantalon. Ah, ça, ce terrain-là faisait parti des plus importantes attributions d'une reine des ténèbres et il fallait veiller à bien l'éduquer sur ce sujet-là. Il fit semblant d'hésiter face à la requête de l'œuf mollet : "Mmmm... Très bien, mais seulement si c'est pour vous faire plaisir !" dit-il d'un ton qui suggérait qu'il lui faisait une fleur. "Je plaisante, j'adore jouer au ballon ! Allez-y ! Mais soyez délicat, je vous prie, d'accord ?" ajouta-t-il d'une voix complice. L'objet que le galant convoitait était serré dans ses textiles et ne demandait qu'à être libéré pour qu'on jouât délicatement avec. Kraken comptait bien guider son galant pour lui faire comprendre les règles du jeu !

Si Jethro savait avec quel genre d’homme il trainait actuellement, il ne serait déjà plus là. Sa petite survie était plus importante que tout et une créature aussi cruelle pouvait provoquer frayeur s’il n’était pas absolument certain que lui ne risquait rien. S’il avait idée qu’en vexant son interlocuteur, ou bien en agissant mal aux yeux de ce dernier il risquait de finir comme une jeune vierge sacrifiée à l’époque du royaume de Kraken… il prendrait ses flamiches à son cou pour s’envoler par une fenêtre, constater au dernier moment qu’elle est fermée, s’assommer et rouler par terre comme une grosse luciole boudinée. Mais il n’en savait rien ! Il était donc sur don petit nuage jaune (il n’aime pas le rose) à découvrir un nouveau jeu avec un nouveau camarade qui lui plaisait déjà beaucoup ! Avec quelques années de maturité en plus, il aurait compris qu’il avait affaire à une sorte de pervers du niveau au-dessus de l’entrepreneur. Lors d’une première rencontre romantique, on échange sourire, repas, fleurs, numéro de téléphone et pourquoi pas un baiser en fin de soirée si ça fonctionne. Mais il était franchement rare que dans une réelle recherche d’un amour à long terme, les participants se touchent la tuyauterie dès les premières minutes.

Le chirurgien goba toutes ces conneries sans penser une seule seconde que ses propres connaissances dans l’anatomie humaine allaient à la rencontre de l’explication farfelue de Kraken. Cependant, les paroles de ce dernier lui étaient beaucoup plus agréables et facile à retenir que trois pages d’un manuel, alors il était prêt à abandonner tout ce qu’il avait appris pour refaire sa culture auprès de son nouvel ami. Curieux comme pas deux, il demanda à aller voir ce ballon dont l’homme tentacule lui avait tant parlé.
« Mmmm… Très bien, mais seulement si c’est pour vous faire plaisir ! »
« Wouhou ! »
Qu’importe si ça n’emballait pas trop Kraken, car ce dernier avait donné l’autorisation tant attendue ! C’est donc avec entrain et précipitation que les mains du feu-follet se précipitèrent follement dans le pantalon de son partenaire de jeu dans l’intention de le lui baisser et de sortir comme un barbare l’objet de ses convoitise. L’entité eut vraiment bien fait de lui préciser d’être délicat ! Sitôt cet ordre donné, Jethro leva des petits yeux vers lui puis ralentit considérablement ses gestes. Il veilla bien à ouvrir trèès doucement la braguette de son ami, l’observant toujours dans l’espoir de bien faire comme s’il lui disait « Comme ça c’est bien ? ». Puis il redescendit son regard plus bas.

Il se débarrassa sans mal de l’emballage, mélangeant l’impatience nerveuse et la précaution forcée car il ne voulait pas se faire gronder. On aurait pu croire qu’il avait fait ça toute sa vie mais non, il fallait juste mettre sa dextérité au compte de son métier. Il en avait déjà vu des tas de jolies fleurs comme celle que cachait son compagnon, mais jamais il n’avait été aussi énervé d’en découvrir une. Il baissa la bordure, dévoila la marchandise à ses yeux puis la prit dans une main. Il la leva, pointe vers le ciel. Il la descendit, il la fit pencher à bâbord, puis à tribord, avant de se gratter la tête de l’autre main et de relever les yeux vers le visage de Kraken.
« Ben j’ai la même. » fit-il avec une moue légèrement déçue. Il s’attendait à découvrir un truc sensationnel. Quel était donc l’intérêt de jouer au ballon maintenant s’ils avaient le même outil ? Tout lui échappait. Pourtant, il n’aurait su dire pourquoi ses hormones le poussaient à reposer ses yeux sur la chose qu’il tenait dans sa main, pourquoi il voulait la toucher encore et pourquoi il avala péniblement sa salive en la regardant. Ouh qu’il fait chaud tout à coup. Finalement il était prêt à laisser encore une chance à son partenaire, et à se laisser guider pour toutes les règles du jeu que ce dernier lui imposera !

Le feu follet semblait apprécier la marchandise déballée du slip de Kraken, en témoignait la gourmandise que le démon lisait dans le regard de son nouvel ami. Cela l'informait que si le galant avait des aspects enfantins, c'était tout de même un homme, après tout il en avait l'apparence, avec les besoins physiques qui vont de paire, et cela arrangeait bien notre poulpe ! Une reine dépourvue de désir pour son roi aurait été problématique ! Enfin, ladite future reine n'était pas encore tout à fait un homme puisqu'elle était encore inexpérimentée en la matière et souffrait d'un besoin évident d'être guidée, se révélant être une véritable truffe en ce qui concernait l'usage des outils se trouvant sous la ceinture. Et dire que ça exerçait la chirurgie ! Pauvres patients...

En tout cas, ce n'était pas parce son galant était plus qu'inexpérimenté, mais véritablement ignorant, que notre démon se serait montré impatient. Au contraire, il s'amusait beaucoup à parler des choses comme si c'était un sport de ballon et à jouer les professeurs d'éducation sexuelle avec sa ravissante pucelle. On aurait sans doute pu parier sur le fait que l'œuf mollet, insupportable comme il était, aurait pu perdre son innocence dans les bras vengeurs du type qu'il aurait mieux fait de pas ennuyer, qui aurait pu être Kraken dans d'autres circonstances, mais contre toute attente, il s'était trouvé un amant qui pour sa première fois se montra doux et prévenant. Le démon s'évertuait à rendre cette aventure sensuelle et plaisante, tout pour donner envie au galant de recommencer.

Ce fut ainsi que Kraken montra comment avec son ballon il fallait tirer pour marquer des buts ! Mais comme on n'est pas sur un forum pour les grands, on n'entrera pas dans les détails (et puis surtout, on n'a plus les moyens de tourner ce genre de scène avec la baisse du pouvoir d'achat, gnah ! xp), mais on peut tout de même préciser que le professeur avait voulu enseigner à son élève, pour sa première leçon, divers façons de s'occuper d'un tentacule. Lorsque le cours fut terminé, Kraken et son amant étaient dévêtus et maculés de sueurs et d'autres fluides corporels, le démon ayant allongé son amant sur un tapis pour prolonger la sensation bien être qu'il devait à leurs exploits en se tenant au dessus de lui tout en couvrant son torse et ses épaules de baisers. "Au fait, moi c'est Kraken, et vous ?" demanda-t-il avant d'aller mordiller le cou du feu follet.

Jethrouille n’avait jamais marqué autant de but de toute sa vie. De plus, il ne s’était jamais autant amusé avec un ballon. Et ses petits caprices d’enfants étaient maintenant tous assouvis. Il s’était fortement amusé, il était épuisé, dépensé, lessivé, content. Et tout à coup, ses mille et une idées de jeux à montrer à son nouveau partenaire paraissaient tous biens fades à côté de ce que lui, lui avait fait découvrir. Le petit feu-follet avait fait un énorme pas dans le cycle de la vie. Son corps frémissant et son regard hurlaient à sa place de nombreux « encore ! ». Il ne s’imaginait pas un instant que son enveloppe fut un mécanisme auquel il était attribué un temps de repos après chaque utilisation. Il se demandait alors pourquoi il ne parvenait plus à ressentir la boule au ventre qu’il avait ressenti plus tôt, suivie de l’envie de contact et de ce moment de folie qu’ils passèrent tous les deux. Là, il était avachi sur ce tapis à calmer son souffle haletant. Il avait beaucoup bougé. Même s’il n’était que l’élève, il avait pu montrer à son camarade combien il était hyperactif. Et pourtant, là, il n’en pouvait plus. Il ignorait jusqu’alors avoir un côté calme chez lui !

Il accueillait au dessus de lui le corps saillant et extrêmement puissant de l’homme poulpe qui apaisait sa chair frissonnante par des baisers et des taquineries buccales. Jethro était tout poisseux, mais aucune odeur ne s’échappait de son corps. Une étrange particularité de cette créature, qui ne pouvait comporter que des parfums d’autrui. C’était la sueur et les fluides de Kraken qui sentaient sur la peau du feu-follet. En fait, Paper n’avait jamais eu d’odeur bien à lui. En tant que boule gazeuse, une simple chaleur se dégageait. Mais qu’il soit humain ou non, il ne possédait aucune odeur venant de lui. Il semblait totalement impersonnel. Cela ne le dérangeait pas le moins du monde car l’homme était extrêmement sensibles aux parfums environnants. Et ce gros estomac reniflait la peau de l’homme poulpe en goûtant pour la première fois de quelques coups de langues durant leurs ébats, à une virilité bien particulière qu’il n’aurait jamais imaginé dévorer dans sa petite vie de gamineries. Il remuait la tête de gauche à droite en poussant des petits rires car les baisers de son copain lui faisaient autant de bien qu’ils le chatouillaient.

« Ihi moi c’est Jethro, mais tu peux m’appeler Jey ! » fanfaronna-t-il, tout content que ce héros s’intéresse à lui. Il était rempli d’admiration, et d’amour aussi sans le savoir pour ce grand homme qui lui avait apprit tant de choses en si peu de temps. Il était prêt à lui accorder une confiance aveugle et à le suivre jusqu’au bout du monde, y comprit dans une drôle d’île sur la baie de San Francisco pour fuir la hausse du pouvoir d’achat qui n’avait pourtant augmenté que pour le bien de sa population ! Donc prêt à tout pour lui… ou presque. Le dénommé Kraken fondit ses lèvres dans le cou de la pauvre bête qui, malgré l’innocence de ce geste et le plaisir qu’il en éprouvait, eu un réflexe de protection en retenant la tête de son camarade. « Pas le collier !! » s’affola mentalement le feu-follet dont le cœur s’était mit à battre la chamade en l’espace de quelques secondes seulement. Il lâcha aussitôt le visage de son imposant partenaire pour aller poser ses doigts sur sa précieuse chaîne d’or blanc, qu’il caressa doucement. Son minois devenu craintif finit par reprendre un ton joyeux en se rendant compte que l’autre ne paraissait pas du tout en avoir après sa liberté chérie. Il tenta de dissimuler le malaise temporaire en se redressant sur ses coudes et en allant frotter sa tête contre le torse de Kraken. C’était une manie de feu-follet. Lorsque deux de ses créatures se tournaient autour, elles se frottaient l’une à l’autre et pouf, ça faisait des bébés. Pour la deuxième partie, c’est du moins ce qu’on avait dit à Jethro.

« On fait quoi maintenant ? » demanda-t-il timidement en relevant son visage joyeux vers celui de son compagnon. « J’ferais le jeu que tu voudras en attendant que les ballons soient regonflés, d’acc ? » Il s'imaginait que d'ici 5 minutes, les ballons seraient de nouveau prêt à l'emploi. Et l'hyperactif reprenait de la fonction, faisant honneur à son statut d'infatigable !