Qui a dit que j'étais ponctuel? |Anna|

Qui a dit que j'étais ponctuel? |Anna| Sanstitre3mb

Il devait être aux environs de 23 heures quand je sortais enfin du comissariat. Je faisais souvent des heures supplémentaires, mon boulot me passionne et surtout cela me permet de savoir ce qui se passe en ville à tout moment. Comme ça, si une personne est en danger ou bien si on s'apperçoit que très régulièrement un crime a été commis à tel endroit, je pourrai intervenir moi-même. Bref, je sortais donc tranquillement et me dirigeait chez moi. Je savais qu'il fallait que j'aille voir Anna, je lui avais promis que je viendrai après mon service. Seulement je ne pouvais pas venir dans l'état dans lequel j'étais! J'avais passé des heures à travailler, j'étais en tenue de flic, or dans son quartier il vallait mieux que j'évite de me ramener comme ça si je ne voulais pas m'attirer d'ennuis. A peine débarqué dans mon appartement, je me jettais sur la salle de bain comme si ma vie en dépendait! Je suis quelqu'un de très propre, qui déteste passer une demie-journée sans avoir accès à la salle de bain, et encore plus quand j'ai un rendez-vous après! Je passe donc un bon quart d'heure sous l'eau chaude, lavant mes cheveux au passage, et sors assez rapidement afin de ne pas débarquer trop tard chez elle non plus. Je me rase rapidement, me met du parfum, me coiffe et finalement m'habille d'un jean et d'une chemise blanche. Je prend ma veste avec moi, ainsi que mon arme à feu, qui ne me quitte jamais. Vous penserez peut être que je suis un peu parano, mais vu le quartier qu'est Excelsion il faut toujours se méfier! Il m'est déjà arrivé d'avoir du m'en servir ces derniers temps pour défendre quelques braves citoyens, dont Anna d'ailleurs. Quoi qu'il en soit je repartais de mon appartement un large sourire aux lèvres, heureux de passer du temps avec la jeune femme. Je dois dire que depuis que je la connais je n'ai qu'elle en tête. C'est à la fois magique et affreux, parce que je ne sais pas ce qu'elle ressent à mon égard. Bien sûr qu'elle a l'air de m'apprécier et de nager dans le bonheur à mes côtés, mais si ce n'était qu'une amitié très forte? C'est toujours mieux que rien je vous l'accorde, et je suis capable de me contenter de ça jusqu'à la fin de mes jours, même si cela laissera forcément un vide.En plus, je me dis que la vie que je mène n'est pas forcément celle dont elle a toujours rêvé. Je suis quand même mi-sorcier mi-être de lumière! Ce n'est pas exactement être "normal" et humain comme elle.. J'affronte le danger tous les jours et je ne veux pas qu'elle s'inquiète à chaque seconde pour moi ou qu'elle souffre si un jour je venais à disparaître. Du coup il vaut peut être mieux que cela reste comme ça,

Je sors de chez moi et décide alors de prendre ma moto pour aller jusque chez elle. Il y'a un parking pas très loin de là où elle habite, et c'est fortement sécurisé à cause de tous mes vols de ces dernières années, du coup je ne risque vraiment rien. La moto, c'est une autre de mes passions.Il faut dire que je trouve ça bien plus pratique et agréable à conduire qu'une voiture. En cinq minutes j'étais déjà arrivé à destination, je prenais mon casque en main et me dirigeait vers le bâtiment où se trouvait son appartement. La belle m'avait confié ses clés il n'y a pas très longtemps, me disant qu'ainsi je n'aurais pas besoin d'attendre devant la porte pendant des heures si jamais elle se trouvait dans la salle de bain! J'ouvre la porte d'entrée, monte les escaliers jusqu'à l'étage de l'appartement d'Anna. Et là, j'ouvre grand les yeux, inquiet. Sa porte était légèrement entrouverte. Mon sang ne fait qu'un tour et ma première réaction c'est de sortir mon flingue. Je ne fais pas un bruit, et entre doucement dans l'appartement. Les lumières étaient éteintes, et il ne semblait pas y avoir eut de bagarre ou de vols, puisque tout était très bien rangé. Je garde néanmoins une vigilence très poussée, et referme la porte doucement derrière moi. C'est alors que je me met à scruter tous les moindres recoins, l'absence de bruit me gênait. Où était-elle? Peut être avait-elle été kidnappé, ou pire sequestré! Arrivé dans la dernière pièce de l'appartement, sa chambre, qui elle était éclairée, je pu enfin respirer à nouveau. Elle était là, tranquillement allongée sur son lit, endormie. J'avais eu sacrément peur, et je me retenais de rire de ma bêtise. Je remettais mon arme à saplace, c'est-à-dire dans son étui caché entre ma veste et ma chemise et soupirais de soulagement. Elle n'avait pas entendu mon intrusion puisqu'elle semblait dormir à point fermé. Elle était adorable, et je me sentais coupable de l'avoir fait attendre aussi longtemps. Il était hors de question que je la réveille, je n'avais qu'à être à l'heure.

Je m'approche doucement du lit, et me penche vers elle. Je dépose un baiser sur son front, le plus délicatement possible. Mon coeur battait déjà la chamade, et à contre-coeur je me détachais d'elle et posait une couverture sur elle. Je ne sais pas combien de temps je suis resté à la contempler, une bonne demie-heure très certainement. Jusqu'à ce que mon ventre crie famine en fait! Oui parce que si vous ne le savez pas déjà, je suis extrèmement gourmand, et il est rare de ne pas me voir en train de grignoter à toute heure du jour et de la nuit. Je sors de sa chambre tout en éteignant la lumière et me dirige vers la cuisine. Là, j'ouvre le frigo et me prend quelques ingrédient histoire de me faire un sandwich. Ok vous allez très certainement trouver ça déplaçé, sachant qu'Anna était en train de dormir et que c'est son appartement, mais je vous rassure tout de suite: elle m'a elle-même permit d'agir comme je le désirais ici. Elle a vite remarqué que j'étais un morfale et a certainement prit pitié de moi! Quoi qu'il en soit je lui écrirai un mot pour m'excuser, lui dire que je suis passé ici et que malheureusement elle dormait. Je ne peux pas me permettre de dormir ici sans son accord, même si j'en ai terriblement envie! Je préfère être à ses côtés, ne serait-ce que pour pouvoir la protéger à tout moment. Capeut paraître incroyable et fou mais voilà, c'est comme ça que je fonctionne. Après m'être préparé mon super encas, je commençais à l'entamer tranquillement tout en regardant les quelques photos accrochées sur le frigo d'Anna..

Ce soir était l'une de mes rares soirées de libre, j'entends par là que je ne travaillais pas... Ce qui était plutôt rare mais il fallait bien qu'on prouve que je n'étais pas une esclave, donc comme tout un chacun j'avais eu mon soir de congé. Si en théorie ce genre de repos devrait me réjouir, il n'en était rien, puisque rien ne se passait comme je l'aurais souhaité. Tout d'abord en fin d'après midi j'avais fait une petite séance de shopping, enfin ma chère maman nous avait organisé cette séance, j'évitais en général ces instants mère-fille où je devenais une poupée entre les doigts maternelles. D'accord elle avait des goûts superbes et un sens innée des bonnes affaires, seulement à 24 ans je répugnais à être encore habiller par ma chère maman. Néanmoins je ne pouvais lui refuser éternellement un tel souhait, ce qui, donc, devait arriver tôt ou tard arriva. Nous trainâmes ensemble pendant deux bonnes heures à fouiner parmi les aubaines qui pouvaient nous intéresser, pourtant aujourd'hui j'étais un peu plus disposer que d'habitude à ce défilé de vêtements. Sans aucun doute parce que Lloyd avait promis de passer après son service, il passait souvent à la maison et je lui avais fourni les clés de l'appartement pour qu'il ne soit pas obliger d'attendre sur le palier. En effet mon appartement, bien que dans un quartier assez pauvre, était plutôt spacieux, or je m'enfermais souvent dans le bureau ou dans la salle de bain qui se trouvaient chacune à l'opposé de la porte d'entrée, et sans sonnette il m'était souvent difficile de l'entendre frapper. Quand j'y repense, cela m'avait paru à la fois étrange et normal de lui donner mes clés, étrange parce qu'en général on offre un trousseau lorsque l'on est en couple, ce que nous ne sommes pas, et normal parce que... parce que c'était Lloyd.

Toujours est-il que j'étais rentrée chez moi avec une bonne dizaine de paquets dans les bras, chacun regorgeant de nouveaux vêtements, et à ma plus grande honte je me précipitais dans mon appartement, ne regardant pas si le coup pied dans la porte l'avait bien fermée, pour cacher l'un des sacs. Je n'arrivais pas à croire que j'avais accepté de suivre ma mère dans cette boutique, je m'étais laissé convaincre comme si j'avais 10 ans de moins et que c'était la première fois qu'elle m'emmenait dans un magasin de sous-vêtement. Le style avait changé mais le malaise était le même, je cachais donc les délices interdit au fond de mon tiroir avant de me changer, optant pour une tenue décontractée. Il me fallait encore ranger les autres trouvailles, avant de préparer à manger même si je ne doutais pas que je dinerais seule. Lloyd était toujours en retard quand il finissait le soir, il ne pouvait s'empêcher de faire des heures supplémentaires, je ne pense pas qu'il en soit conscient, juste qu'il est consciencieux et aime à savoir qu'il a rempli ses devoirs. Penser à son travail me faisait aussi penser au fait qu'il risquait sa vie tous les jours, j'avais souvent eu peur de le perdre surtout quand je l'avais vu utiliser pour la première fois son arme. C'était la première fois que je m'étais rendue compte que j'étais amoureuse de lui, ce qui me fit l'effet d'une bombe, tout simplement parce que j'estimais qu'il ne me considérait que comme une amie.

La soirée passa lentement, c'est souvent le cas lorsque l'on attend quelqu'un d'important dans sa vie. Néanmoins je savais parfaitement comment m'occuper, en l'occurrence je me devais de mettre en forme mes nouvelles mélodies pour mes chansons, sinon je ne risquais pas de les voir ou plutôt de les entendre.

Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais endormie, j'eus l'étrange sensation d'un effleurement sur le front mais Morphée avait déjà une certaine emprise sur moi et je ne parvins donc pas à identifier l'origine de cette sensation. Ce fut un bruit qui me réveilla, regardant le réveil je vis qu'il était plus de minuit, sans méfiance je me levais constatant que ma couverture me recouvrait et me dirigeait vers la cuisine pour y trouver Lloyd.

- Je devrai peut-être appelé la police, y'a un voleur qui grignotte un sandwich dans ma cuisine alors qu'il y a un petit plat prêt pour lui dans le four. dit-je en souriant.

Je me dirigeais vers le four et sorti le plat de lasagne que je mis devant lui. Tête penchée sur le côté je me demandais pourquoi il tenait tant à venir chez moi alors qu'il était si tard.

-Tu sais, si les voleurs savaient qu'ils étaient aussi bien traités chez toi je pense que tu aurais beaucoup de monde la nuit dans cet appart !

-Ecoute, je suis désolé.Je sais qu'il est tard et je ne voulais pas te réveiller comme ça. Si tu veux je te laisse tranquille? Je ne veux pas m'imposer, déjà que je dévalise ton frigo! Tu vas finir par me détester.

Au fait, je tiens à dire que tu m'as fait une peur bleue! Tu avais laissé ta porte légèrement entrouverte, et j'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose.. D'ailleurs ta journée s'est bien passée?

Je ne savais effectivement pas ce qui le poussait à venir aussi tard mais le connaissant un peu, je soupçonnais qu'il refusait de ne pas venir alors qu'il l'avait promis. Conscience professionnelle sans doute, cela même s'il devait être crevé. J'avisais les clés posées sur le meuble d'entré, contre le mur, et le regardais de la façon dont on sait qu'une personne a eu tort de faire quelque chose. Il n'ignorait pas que je n'approuvais pas qu'il vienne chez moi en moto, après son service surtout la nuit, cependant je ne pouvais pas l'empêcher d'aimer les gros bolides. Je le savais prudent, je ne pouvais m'arrêter d'avoir peur pour lui. Il ne me regardait pas, rangeant soigneusement son sandwich dans mon frigo. Je me disais que j'aurais aimé le contempler encore et encore, je fermais les yeux, inspirais discrètement pour me rappeler que mes fantasmes devaient rester là où ils sont, dans mon esprit. Il me contourna pour prendre des couverts, décidément il avait déjà pris ses habitudes chez moi, après tout il mangeait ici presque trois soirs par semaines alors forcément je ne pouvais pas être étonnée. Je m'assis sur l'îlot central tout en l'observant s'installer pour manger.

Si les voleurs le savaient tu serais obligé de venir les arrêter ici, alors je ne suis pas sûre qu'ils resteraient finalement...

Mes sentiments pour lui m'emmenaient souvent dans un monde imaginaire, je détournais les yeux pour les poser sur le frigo non loin de là. Je savais qu'il les avaient regardé, en fait je le voyais souvent les regarder quand il était chez moi, je m'étais souvent demandé si chez lui des photos ornaient aussi son frigo. Ms sourcils froncèrent légèrement, avant qu'un doux sourire ne reprenne sa place dans mes yeux. Je n'étais pas souvent allée chez lui, en fait quasiment jamais, c'était toujours chez moi qu'on se voyait où ailleurs mais rarement chez lui. Cela ne me dérangeait nullement, bien au contraire car il était le seul homme qui pénétrait le seuil de cet appartement, enfin mon grand-père aussi mais à une fréquence plus réduite. Je me retins de rire à cette pensée, reportant mon attention sur mon invité, là je ris un peu, il avait presque fini entièrement le plat. J'en conclus qu'une fois encore il n'avait pas mangé depuis un bout de temps. Morphée n'était encore pas loin et mes rêves se formaient sous mes yeux, je me voyais lui préparer des repas comme toute petite amie pourrait le faire. Oui mais voilà je ne l'étais pas, n'empêche qu'un homme qui fait la vaisselle c'est plutôt sexy et Lloyd ne rechignait jamais à la faire. Je savais qu'il n'aimait pas déranger, ce qu'il confirma à peine deux secondes plus tard.

Comme si tu me dérangeais, je ne t'aurais pas donner les clés si c'était pour me sortir des idioties pareilles. Tu fais comme chez toi, je te l'ai déjà dit. Puis prenant une voix qui ne me ressemblait pas, j'avais dû trop observer les filles au boulot, je lui dit. Mais pour ce qui est de me dévaliser le frigo, tu peux m'inviter à manger la prochaine fois.

Cela ne me ressemblait tellement pas que j'en éclatais de rire, décidément je ne serais jamais l'une de ses filles qui savaient manipuler les hommes, même si je savais que Lloyd aller accepter. J'étais gênée d'avoir tenté une telle chose, je me sentais si gauche face à lui. On ne pouvait pas soutenir la comparaison, il était tel un apollon alors que moi je ressemblai plus à cendrillon. C'est sur cette image que j'entendis que ma porte était restée ouverte. J'avoue, je n'en menais pas large mais il est vrai que j'étais un peu tête en l'air lorsque je savais que j'allais bientôt le voir, malheureusement je ne pouvais pas invoquer cette petite excuse. J'avais donc un sourire contrit en signe d'excuse, il allait finir par me prendre pour une folle, dans ce quartier tout le monde vérifiait une dizaine de fois que sa porte était bien fermée. Je sentis mes joues rosirent au souvenir du pourquoi je ne l'avais pas fait moi aussi, je n'osais même plus le regarder dans les yeux. Maudite sois-tu maman! En même temps j'appréciais sa sollicitude face à la possibilité qu'il me soit arrivé quelque chose, néanmoins je savais aussi que je ne devais pas jouer avec le feu.

Oui plutôt bien, j'ai fait les magasins avec ma mère. Je n'ai pas fait grand chose en vérité... Et toi, ça a été au boulot ?

Je me dirigeais vers le canapé du salon, un verre d'eau à la main, vu l'heure je ne pouvais pas me permettre une autre boisson.

-Comme ça j'aurai une excuse pour te voir pendant mon service.

T'as raison.. Je manque à tous mes devoirs. J'aurais du t'inviter, mais j'avais peur que tu me dises non, je veux dire resto peut signifier rencard!

Enfin bon, demain soir t'es libre? Je t'emmenerai dans un endroit sympa..

Comme d'habitude. j'ai faillis me faire tuer une bonne dizaine de fois et j'ai même une folle qui pensait qu'en me montrant ses cuisses elle pourrait être relâché!

Tu devrais te reposer.. En plus je crois être un assez bon coussin!

Pourquoi disait-il cela? Voulait-il me signifier que justement il ne m'avait pas invité au restaurant parce que ce genre d'endroit n'était réservé qu'à ses petites amies potentielles et donc par là même que je n'en ferais jamais partie. Au moins j'étais fixée, je regardais mon verre d'eau essayant de déterminer si je devais le considérer à moitié plein ou à moitié vide, tout en continuant d'avancer vers le canapé. Enfin je ne comprenais pas, on peut très bien diner entre amis et pas forcément dans un restaurant, on pouvait aussi manger un truc vite fait sur le pouce. Je me mordis les lèvres, signe évident chez moi de contrariété et surtout de frustration. Je suis totalement et éperdument amoureuse de lui, sauf que apparemment je ne suis pas assez bien pour lui. Du coup j'eus la sensation d'avoir imposer cette invitation et j'ignorais si je devais accepter ou non l'invitation, dire oui reviendrait à encourager notre amitié alors que je veux plus. Ce serait comme offrir du pain à qui meurt de soif, et j'étais l'assoiffée dans l'histoire. Je doute que Lloyd est voulu me blesser, ce n'est pas dans sa nature pourtant je dois avouer que le fait qu'il pense que j'aurais dit non est assez frustrant. Il ne m'invite pas parce que je ne suis qu'une amie, et parce que j'aurais dit non c'était paradoxal enfin. Je pris sur moi de relever la tête et d'enfouir mon désespoir sous un magnifique sourire, optant pour l'éternelle amie que j'étais.

D'accord va pour un petit diner entre amis, je bosse à midi donc ça ira.

J'étais assise, espérant surtout qu'il ne dénote pas la frustration qui aurait pu passer la barrière de mes lèvres en même temps que mes mots. Il ne pouvait pas comprendre que chacun de ses gestes étaient une torture, j'aurais voulu qu'il les fasse pour moi, que ses bras soit le recueil de mon être. Seulement je n'étais qu'une bonne copine, encore et toujours, sans m'en rendre compte j'avais complètement oublié qu'il avait avoué a peine quelques secondes avant qu'avoir des voleurs chez moi lui permettrait de passer plus de temps ici. J'étais tellement obnubilé par cette histoire de rencards et de restaurant que je ne m'attardais pas à la signification qu'elle pouvait impliquer, seule subsistait la déception.Les futilités de ma journée vinrent distraire mon esprit quelques instants. Je l'entendis prendre un verre dans le placard, portais alors mon regard sur lui, je le vis m'observer avec curiosité, avais-je dit quelque chose de mal... Ah la séance shopping, je lui fis un grand sourire, lui avouant que ma mère m'aurait harcelé si je n'avais pas accepté de venir, que ce n'était pas vraiment un plaisir de le faire mais que j'étais une gentille fille et que j'obéissais toujours, ou presque à ma maman. A présent il était avec moi dans le salon, mes mains devinrent moites comme à leur habitudes, parce qu'il allait devoir s'asseoir avec moi sur le canapé. Malencontreusement le seul fauteuil restant me servait de reposoir à diverses choses, donc présentement il n'était pas praticable. Je remontais mes jambes sous moi, sinon j'aurais eu un syndrome étrange, celui du tremblement, mon corps ne répondais plus au commande à sa proximité. Ce soir cependant mon cœur a cessé de battre une fraction de seconde, je le frappai gentiment l'épaule quand il repris un rythme normal.

Tu sais que je n'apprécie pas ton humour policier. Quand à la fille, tu aurais du en profiter.

Je blaguais bien sûr mais ça il n'avait pas besoin de le savoir, son bras frôla mon épaule et le miroir posé sur la console en face de nous me renvoya une image presque irréelle. Nous étions là, chemise blanche contre tee shirt blanc, jeans contre jeans et pratiquement peau contre peau, chacun un sourire aux lèvres, un peu plus et je pouvais complètement me fondre dans l'espace vide entre nous... presque l'image de mon possible bonheur. Celui qui ne serait pas mien, il appréciait les bons moments que l'on passait ensemble, pourtant je ne parvenais pas à y voir des actes d'un amour véritable, plutôt comme une profonde amitié. Cependant je me laissa convaincre par le couple nous faisant face et me rapprocha de lui au moment même où il porta sa main à ma tête pour me la mettre sur son épaule.

Tu serais prêt à faire une infidélité à ton lit. dis-je en riant, puis mon sérieux revint, je ne pouvait pas d'avantage me torturer. Tu es sans doute crevé, tu dois vouloir toi aussi te reposer.

Je n'osais cependant pas me relever de peur de briser l'harmonie dans laquelle nous nous trouvions, il pouvait rester chez moi puisque le canapé faisait aussi lit mais cela aurait signifié devoir me coucher dans la chambre et je ne savais pas si je pourrais m'endormir le sachant si près et si loin de moi.

Hey! Elle, elle ne me plaisait pas.

Ouais.. Pauvre lit! Non mais je.. Demain je ne travaille pas donc j'ai tout le temps pour me reposer. Par contre toi c'est différent!

Anna.. Qu'est-ce qui se passe? J'ai dis quelque chose qui t'as blessé tout à l'heure? Si c'est le cas je te demande pardon, je ne le voulais pas. Je veux que tu saches que je ne t'invite pas par remords de ne pas l'avoir fait avant. Je t'invite parce que j'en ai envie, vraiment. S'il te plaît, explique moi.

Anna je.. Je..

Je devrais partir..

J'essayais d'assimiler tout ce qu'il me disait, cependant la chose était rendu doublement difficile. Premièrement parce que je souhaitais m'endormir ici et maintenant, dans ses bras, deuxièmement parce que sa proximité rendait mon esprit encore plus brumeux. Pourtant il me fallait analyser ce qu'il me disait, pour mieux comprendre où je pouvais avancer dans sa vie, et dans la mienne, ou le contraire. Ce qui en ressortait c'était qu'il n'appréciait pas qu'on lui montre ces cuisses en pleine rue, mais surtout que son cœur ou son esprit était déjà occupé par une femme. Pas une seconde je ne songeais que cela puisse être moi, je l'imaginais alors pensant à Cléïa ou à tout autre femme fatale lui ressemblant. Je n'avais, ni ne pouvait tenir la comparaison avec elles, je me savais belle certes mais pas au point de pouvoir évincer ce genre de beauté. Je me demandais si nos rendez-vous nocturnes continueraient d'exister, quand elle lui aurait mis le grappin dessus, sûrement que non. Je me rapprochais davantage inconsciemment pour mieux imprimer en moi, toutes les sensations que je ressentais, son odeur, sa force, la douceur de sa peau, sa voix qui me berçait etc... J'en étais presque à m'endormir quand mon attention fut soudain en alerte, quelque chose avait changé, en lui mais aussi dans l'atmosphère de la pièce. L'instant idyllique sans était allé et ne restait que ce souvenir. Il avait placé sa main sur ma joue, j'avais la vague impression que j'allais me noyer dans ses yeux, j'aurai pu me pencher, effleurer ses lèvres. Sauf que... sauf que je me rappelais que dans la réalité il était mon ami et rien d'autre

Rien voyons... C'est juste la fatigue.

Je mentais, et mal je le savais, seulement je refusais de lui avouer de but en blanc que je l'aimais, je refusais de risquer de le perdre, je préférais mille fois le voir heureux avec une autre plutôt que de savoir qu'il ne serait plus dans ma vie. C'était un risque que je me refusais de courir. Et puis je ne savais pas vraiment quoi répondre, j'avais échafauder des idées tellement réelle à mon sens que j'avais du mal à croire qu'il prenait vraiment du plaisir à m'inviter à diner. Mais en le regardant il semblait sincère et soucieux du fait que je comprenne quelque chose, qui m'échappait pourtant. J'aurai aimé pouvoir pénétré son âme, pouvoir lire en lui, il n'en était rien. Sa main bougea, caressant ma peau, je fermais les yeux de plaisir, espérant que finalement je m'étais endormie et qu'un doux baiser aller achever mon rêve. Mieux encore je l'entendais presque m'avouer... hein quoi? Rho zut je le savais que ce n'était pas un rêve. Dans mes songes, il m'aurait dit qu'il m'aimait et nous nous serions embrassés, avant de nous endormir dans les bras l'un de l'autre. Déçue, je détournais le visage.

Tu peux dormir dans le canapé, si tu veux. Tu sais que je n'aime pas que tu conduises cet engin la nuit.

Ma propre remarque me blessa car elle aurait dû appartenir à celle qui partageait son cœur.

Pourquoi est-ce que tu me mens? Je préfererai encore que tu ne dises rien.

Je.. Je suis désolé.. C'est une erreur.. Je vais.. Je vais rentrer.. Et pour demain.. Je t'appelerai.. Excuse moi..

Toute mon attitude dénotait que je ne parvenais pas à comprendre pourquoi il me parlait ainsi, le froncement de mes sourcils, ma posture défensive, ma bouche ouverte en une respiration coupée, le hochement de ma tête voulant lui dire que non je ne mentais pas mais que oui je lui cachais des choses que je voulais qu'il ignore. Il me fallait lui dire une pseudo vérité, tout du moins celle qui s'en rapprochait le plus. Mais comment faire ? Je ne pouvais pas aisément lui : "hey tu sais la dernière nouvelle, je suis folle amoureuse de toi, et je rêve que mes sentiments soit réciproque... Oh à part ça non tout va bien." Je fermais les yeux, me mordait les lèvres avec le sentiment qu'il me fallait dire quelque chose pour rattraper le coup, je ne voulais pas qu'il pense que je lui mentais pour de mauvaises raisons. Oh mais pourquoi est-ce qu'il a fallu que l'amour vienne tout compliquer entre nous, pourquoi faut-il que je sois éperdument éprise d'un tel ange. Je pris aussi conscience que je l'avais blessé, il estimait surement que quelque chose n'allait pas et que je refusais de le lui dire.

Ecoute c'est juste que j'ai eu la vague sensation que je te forçais la main, et tu sais que je n'aime pas ça.

Ce n'était pas un mensonge, mais pas l'entière vérité non plus... Seulement voilà le malaise était présent entre nous, je ne parvenait pas à comprendre comment on pouvait être passer d'une situation si idyllique à... ça. Je veux dire qu'il y avait à peine quelques minutes, j'étais dans ses bras à rêver de la vie que j'aurais pu avoir avec lui s'il partageait mes sentiments, et là une centaine de mètres pourraient aisément nous séparer que la situation n'aurait pas été aussi tendue, aussi éloignée de ce que nous aurions pu être. J'en aurais presque eu les larmes aux yeux mais je résistais, j'étais une fille joyeuse qui ne se laissait pas attraper par la tristesse, enfin pas devant d'autres personnes. Je voulais tellement qu'il reste là, qu'on oublie tout le reste mais il n'accepta pas mon invitation. Visiblement j'avais blessé notre amitié, j'aurais aimé reprendre mes mots pour en dire d'autres, dire ceux qu'ils auraient voulu entendre. Au lieu de cela je le vois, dans le reflet de la fenêtre, mettre son blouson de moto, ce qui ne m'étonna guère, il refusait de dormir ici à chaque fois que je lui proposais, par respect pour moi je suppose. Ce soir cependant j'avais la vague impression que quelque chose le poussait à partir, je me retournais vers lui alors qu'il venait à moi. Je le vis se pencher pour me dire bonsoir, comme à son habitude, sur le haut de front. Sauf que ce soir c'est différent, ce soir les papillons dansent en moi, le vent du plaisir souffle sur ma peau, ce soir ses lèvres effleurent les miennes. Je n'avais jamais ressenti une telle chose, un tel sentiment de bonheur, cette douceur m'envahit et l'espoir renait en mon cœur. J'ose croire que mon amour est partagé, je presse un peu plus mes lèvres pour mieux graver les moindres reliefs de sa bouche. Puis vint le vide, celui de son absence, celui de ses mots qui pénètrent mon âme, gâchant le plaisir que je venais de ressentir.

Je...

En réalité je ne savais pas comment réagir, devais-je lui avouer tout maintenant ou lui avouer que j'avais apprécié. Je n'eus le temps de rien en fait, car il fut beaucoup plus rapide que moi, s'éclipsant très vite de l'appartement. J'aurais aimé le retenir, ou le rattraper mais je savais aussi que je le verrais demain et qu'il me fallait comprendre si ce baiser était vraiment une erreur ou si je voulais plus maintenant que je l'avais goûté. Debout face à la fenêtre du salon, je vis sa moto partir en trombe et s'éloigner dans la nuit. J'avais les lèvres en feu, je savais que je ne pourrais pas dormir cette nuit, pas quand mon avenir est en jeu. J'aurais été tenté d'appeler Joan ou Allen mais vu l'heure, eux devaient avoir abandonné leur vie entre les bras de Morphée. Il ne me restait plus qu'à me préparer à une bataille, car je me devais maintenant de savoir pourquoi il m'avait embrassé, s'il l'avait fait par envie ou juste comme ça... Et voilà je commençais déjà à me torturer alors qu'aucune réponse ne viendrait me satisfaire pour le moment... La nuit promettait d'être longue.

- FIN -